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"Risque frériste" dans 20 départements, double discours: le rapport choc sur les Frères musulmans dévoilé

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Un rapport très attendu sur les Frères Musulmans et leur entrisme en France a été dévoilé ce mardi matin par Le Figaro. Il a été rendu à Bruno Retailleau et révèle notamment que le réseau frériste compterait entre 400 à 1.000 personnes en France.

C'est un rapport qui vient alimenter le débat public et que Bruno Retailleau a promis de dévoiler. Au moins en partie car il s’agit d’un document classé "secret-défense". Un an de travail, des dizaines d’entretiens et de déplacements. Ce rapport a demandé la mobilisation des services de l’Intérieur, du renseignement, comme des services diplomatiques.

Ce que publie Le Figaro ce matin, ce sont des extraits de 73 pages déclassifiées, expurgées des noms propres. Ce rapport est sur le bureau du ministre de l’Intérieur depuis une semaine. Bruno Retailleau a annoncé un contenu accablant et prévoyait de le dévoiler après le Conseil de Défense qui se tiendra mercredi, sous la présidence d’Emmanuel Macron.

139 lieux de culte

C’est l’Elysée qui a commandé ce rapport à la fois régalien et diplomatique. C’est la continuité du discours des Mureaux de 2020 sur le séparatisme. On apprend qu'il y a un noyau dur de Frères musulmans de 400 à 1.000 personnes maximum en France. Que les réseaux fréristes avancent masqués.

Le rapport recense 139 lieux de culte affiliés à "Musulmans de France", organisme présenté comme la vitrine française des Frères musulmans, aussi connu sous le nom d’Union des Organisations Islamiques de France.

Le rapport décrit une "régularisation des normes religieuses": voile précoce, communautarisation de la vie sociale et scolaire, interactions clientélistes avec les communes etc.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Le dossier compliqué par Matthieu Belliard : Le rapport choc sur les frères musulmans - 20/05
4:25

Durcissement des pratiques religieuses

À cela s’ajoutent des écoles confessionnelles. 21 établissements liés à la mouvance frériste. Plus de 800 écoles coraniques. Il s’agit de structures associatives pour apprendre l’arabe, le Coran, la religion. Des dizaines d'associations caritatives sont mentionnées aussi. Le rapport parle également d’un vivier de prédicateurs très actifs sur les réseaux sociaux.

L’idée est de faire progresser l'idéologie via l'éducation, l'humanitaire, l'emploi, ou même les services à la personne. On retiendra aussi la mention de financements étrangers. De l’argent venu du Qatar, d’Arabie Saoudite, du Koweït.

Le rapport évoque un durcissement des pratiques religieuses, visible dans certains territoires. Port du voile dès le plus jeune âge, pression sociale autour des normes vestimentaires ou alimentaires, une mise à distance aussi des valeurs républicaines par exemple.

À l’échelle locale, les auteurs décrivent des "écosystèmes" religieux qui se développent autour des mosquées: écoles coraniques donc, commerces communautaires, soutien scolaire, centres de soins ou d’emploi. Un maillage parfois renforcé, selon le rapport, par des liens clientélistes avec les municipalités.

"Risque frériste"

Les "Frères musulmans" sont une confrérie islamiste fondée en 1928 en Égypte. Aujourd’hui, ils sont implantés dans plusieurs pays accusés de vouloir instaurer la charia par des moyens non violents. Ils sont arrivés en France dans les années 50 et s’appuient des réseaux sociaux, éducatifs, religieux et caritatifs.

Le rapport que va dévoiler Bruno Retailleau décrit un "projet global" : réislamisation, communautarisme etc. Ce rapport a été commandé par plusieurs ministères. Rédigé par un préfet et un ambassadeur, avec le concours d’universitaires, de plusieurs responsables musulmans, des services de renseignement et de diplomates.

Le ton employé est grave. On parle d’un "risque frériste" dans une vingtaine de départements. D'un double discours avec un fond radical et une apparente quête de respectabilité de ces acteurs.

"Prise de conscience"

Le rapport salue la loi contre le séparatisme de 2001 mais déplore une action administrative trop prudente et lente. Les islamistes proposent un grand récit face auquel "les valeurs de la République ne suffisent pas". Le rapport, lui, propose une nouvelle doctrine publique sur l’islamisme politique, et un rapport parlementaire tous les deux ans. Il ne présente pas de mesures contraignantes à proprement parler mais il appelle à une "prise de conscience".

Dans le rapport, il est aussi précisé qu’il existe "un sentiment de malaise français, pour le moins, qui prévaut chez les musulmans dans un contexte où l’Islam reste principalement évoqué sous un angle négatif". Une notion que les auteurs appellent à prendre en compte. Avec quelques idées: développer l'apprentissage de l'arabe dans les écoles, ou revoir la réglementation funéraire pour que les musulmans ne soient plus dépendants du bon vouloir des élus locaux.

Emmanuel Macron a décidé de placer le sujet au plus haut niveau. Ce mercredi, le Conseil de défense devra poser les premiers jalons d’une riposte française à la stratégie frériste.

SG avec Matthieu Belliard