Avortement: "C'est mon corps, je fais ce que je veux avec"

Simone Veil défend le texte sur la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse à l'Assemblée nationale, le 26 novembre 1974 - AFP
Sa vie est un roman fait de chapitres de souffrance comme ces mois passés en camps de concentration, mais aussi de chapitres magnifiques comme son combat pour la cause féministe. Simon Veil est morte vendredi à l'âge de 89 ans, à son domicile dans le 7ème arrondissement de Paris. "Puisse son exemple inspirer nos compatriotes qui y trouveront le meilleur de la France", a déclaré vendredi le président de la République Emmanuel Macron.
Magistrate de formation, Simone Veil ne s'était jamais définie comme féministe, et pourtant c'est à elle que Valéry Giscard d'Estaing confiera la lourde tâche de porter le texte sur la légalisation de l'avortement en 1974. La nouvelle ministre de la Santé du gouvernement de Jacques Chirac devra alors affronter des attaques parfois ignominieuses venues de son propre camp.
"Cela a été horrible, cela a vraiment été un combat, ça a été l'horreur. Jusqu'au moment d'ailleurs où un parlementaire est venu s'excuser parce qu'il m'a parlé des foetus que je faisais brûler. Il ignorait que j'avais été déportée. Chirac n'était pas tellement pour ce texte, il disait que c'était des histoires de bonnes femmes. Mais quand le texte a été voté, il est resté toute la nuit et quand je suis arrivée chez moi, il y avait non pas un bouquet mais une espèce de roseraie !", a raconté Simone Veil quelques années plus tard.
"Un enfant, s'il n'est pas désiré, ce n'est pas la peine"
Aujourd'hui, plus de 200.000 femmes avortent chaque année. Des femmes qui savent ce qu'elles doivent à Simone Veil. Il y a 10 ans, Nathalie avait 35 ans et déjà deux enfants. Enceinte une troisième fois, elle a décidé d'avorter.
"A ce moment-là, rien n'était bon, le travail, l'appartement, tout. La décision est difficile mais parfois on n'a pas le choix. Maintenant, j'élève mes deux enfants bien, ils sont diplômés. Sinon j'en aurais eu trois, et dans de mauvaises conditions", explique-t-elle.
Murielle, elle, a 60 ans, elle aussi a avorté en 1988. "Je n'en voulais pas, je le savais. Un enfant, s'il n'est pas désiré, ce n'est pas la peine. C'est moi seule qui décide, c'est mon corps, je fais ce que je veux avec", déclare-t-elle.
Un combat toujours d'actualité
Plus de quarante ans après sa légalisation, l'avortement reste aujourd'hui un combat d'actualité, assure Caroline Rebhi-Farin, co-présidente du planning familial.
"Sur le terrain, on voit des femmes qui parfois ne peuvent pas avorter dans certains départements parce que les médecins refusent de pratiquer cet acte. C'est une réalité, il y a toujours des pressions à l'encontre des droits des femmes pour le choix de disposer de son corps", explique-t-elle.
L'avortement est pourtant un droit fondamental qui évite bien des drames. Selon le planning familial, toutes les 9 minutes une femme meurt dans le monde des suites d'un avortement mal pratiqué dans l'un des 54 pays où il est encore interdit.