Bordeaux: ils découvrent par hasard que leur logement va être détruit
Nous avons été contactés par des Bordelais à l'adresse rmcpourvous@rmc.fr, car ils risquent d’être expulsés de leur logement sans jamais avoir été prévenus. Ils vivent juste à côté de la gare, un quartier en pleine transformation, avec 730 hectares totalement rénovés dans le cadre d'un grand projet immobilier intitulé "Bordeaux Euratlantique". C’est le plus grand projet urbain de France, hors région parisienne, censé moderniser la ville et pouvoir accueillir 50.000 nouveaux habitants d’ici 2030.
Un grand projet au détriment des habitants du quartier qui dénoncent la bétonisation, l'absence d'espaces verts et surtout de communication. Il y a quelques mois, Roland, un riverain, locataire, se rend à une réunion publique et il apprend par hasard que son logement va être tout simplement détruit.
"C'est normal qu'on nous traite comme ça?"
"Je ne m'attendais jamais à vivre une chose pareille. Ca a été un choc. Qu'est-ce qu'on va devenir? Ca a été un sentiment de mépris. Comme si ce serait un peu normal finalement qu'on nous traite comme ça vu qu'on est dans des logements sociaux. Demain, on dégage. C'est normal qu'on nous traite comme ça?"
Et non seulement Roland n’a pas été prévenu, mais on ne lui a toujours pas proposé de solution de relogement.
"On n'a pas de solution vu qu'on ne nous a même pas encore prévenu qu'on allait partir d'ici. On ne sait absolument pas, on ne sait pas ce que ça va devenir. C'est silence absolu. Il est encore possible de se parler et on aimerait que ces immeubles soient réhabilités et on va se battre pour ça. On va rien lâcher."
Que dit la mairie de Bordeaux?
Elle renvoie la responsabilité du projet à l'Etat, puisque c'est une opération d’intérêt national, et au bailleur ICF Habitat. Nous avons interviewé Olivier Cazaux, maire adjoint de Bordeaux Sud. Selon lui c'est ICF Habitat qui aurait dû prévenir les habitants de leur future expulsion.
"Ca, il faut voir avec ICF, je ne peux pas répondre à leur place. Le premier critère est d'essayer de réhabiliter. Je pense qu'ils n'ont pas prévenu les riverains car c'est dans l'horizon 2024, 2025, un horizon pas si proche que ça."
Et maintenant?
Après notre passage les choses ont un peu bougé. La mairie a demandé au bailleur ICF Habitat d'étudier la possibilité de réhabiliter les logements plutôt que de les détruire. Le bailleur a commandé une étude d'architecte et attend les résultats de cette étude pour se prononcer.