RMC

"C’est devenu une habitude": les personnes d'origine asiatique de plus en plus victimes de racisme

La crise du Covid a-t-elle renforcé le racisme ordinaire que subissent les personnes de type asiatique en France? C'est ce qu'affirme une étude publiée ce mercredi, montrant une banalisation de ce type de racisme.

Les personnes originaires d'Asie sont victimes de racisme ordinaire. C’est ce que révèle une étude publiée ce mercredi par la Défenseure des droits et le collectif de chercheurs et sociologues "React Asie". Elle montre une banalisation du racisme. Le sujet est rarement évoqué dans les médias ou les études, peu nombreuses sur la question.

Depuis la pandémie de Covid-19, la conscientisation de ce racisme prend de l'ampleur chez les personnes d'origine asiatique. "T'as les yeux moches", "T'as la peau sale"... Ces coups de poignard, les enfants les reçoivent très tôt, dès l'école. Sarah est collégienne, elle est née en France, mais ses parents viennent du Cambodge. “Quand je suis au collège, la plupart des gens me disent que je suis chinoise. C’est devenu une habitude. On m’arrête souvent pour ça, pour me poser ces questions et puis après, ils repartent”, indique-t-elle.

Ce racisme manifeste est souvent justifié par l'humour. Mais certains n'ont pas de filtre, comme le constate Minh, ingénieur.

“Sale Chinois, sale Chintok, oui on l’entend. J’ai un ami qui ouvre une pâtisserie. Il est chinois, mais c’est une pâtisserie française et il y a déjà trois ou quatre interventions dans le quartier après que des personnes ont tapé à la vitre en disant ‘et voilà encore des Chinois, qu’est ce que vous faites ici? Ouvrez vos boutiques’”, appuie-t-il.

Une conséquence de la crise Covid?

Et des paroles blessantes, des gens qui changent de trottoir, cet ingénieur l'a vécu pendant le Covid. Pour Simeng Wang, sociologue au CNRS et co-auteur de l'étude, la pandémie a accéléré la prise de conscience de ces discriminations.

“Ce qui est particulier avec cette crise, c’est la racialisation du virus. Pour certaines personnes, avec la crise du Covid, ils ont décidé de prendre la parole, témoigner sur les réseaux sociaux et de verbaliser”, affirme-t-elle.

Mais les signalements auprès des institutions restent encore faibles selon cette chercheuse.

Maryline Ottmann avec Guillaume Descours