RMC
Société

"C’est honteux": polémique à Amiens après l'entrée en vigueur d'un arrêté anti-mendicité

placeholder video
Un arrêté anti-mendicité est entré en vigueur ce mercredi à Amiens. Les sans-abris n'ont plus le droit de réclamer de l'argent aux passants de 8h à 20h dans le centre-ville, jusqu'à la fin du mois d'août, sous peine d'une amende.

Ce mercredi matin, un arrêté anti-mendicité entre en vigueur à Amiens. Les SDF n'auront pas le droit de réclamer de l'argent aux passants entre 8h et 20h dans le centre-ville jusqu'au 31 août prochain, du mardi au samedi.

Pour justifier cet arrêté, la maire (UDI) de la capitale picarde assure que la mendicité "cause des troubles à l'ordre public en générant des attroupements avec parfois de l'alcoolisation".

Dans les rues du centre-ville, quelques SDF font la manche, assis au milieu des passants. "Se faire chasser comme ça alors qu’on essaye de manger, c’est horrible", indique Christophe. Il est à la rue depuis une dizaine d'années et trouve cet arrêté scandaleux. “C’est honteux parce qu’on ne règle pas le problème dans le fond, à partir du moment où on met encore plus les gens dans la misère”, assure-t-il.

Le nombre de SDF mais aussi leur comportement a changé, constate Gaël Mordac, président de la Fédération des commerçants du centre-ville d'Amiens. Cet arrêté est donc nécessaire d'après lui.

“Aujourd’hui, on est face à des gens avec des comportements agressifs et il y en a même certains qui rentrent dans les commerces pour faire cette demande. On souhaite retrouver un centre-ville paisible”, pointe-t-il.

Invité de Charles Matin ce mercredi sur RMC, Jérôme Jean, commerçant pendant 15 ans à Amiens et fondateur du collectif "Ras-le-vol", se félicite de cet arrêté.

"La municipalité a pris une décision courageuse et je pense que d'autres communes en France vont suivre. Amiens n'est pas la seule ville où on a des gens qui réclament de l'argent parfois de manière agressive. Il ne faut pas opposer la pauvreté, qui est une réalité aujourd'hui. On a des gens qui n'ont pas la possibilité de manger correctement et c'est un réel problème, mais ce n'est pas aux commerçants de devoir régler ça", indique-t-il.

L'invité de Charles Matin : Amiens, un arrêté pour bannir la mendicité - 01/05
L'invité de Charles Matin : Amiens, un arrêté pour bannir la mendicité - 01/05
6:22

Une chasse aux pauvres?

Les ONG d'aide aux sans-abris sont mobilisées contre cette décision. Gaëlle, secrétaire de l'association "L'espoir pour nos amis de la rue", y voit une véritable chasse aux pauvres.

“Je trouve ça un peu aberrant pour ces gens. Où vont-ils aller? Que vont-ils faire? C’est une question que tout le monde se pose. Mettre une amende ok, mais ils n’ont pas de sous… ça va leur changer quoi?”, dénonce-t-elle.

Les associations dénoncent aussi la volonté de “nettoyer” la ville avant le passage de la flamme olympique en juillet prochain.

Nicolas Ropert avec Guillaume Descours