"Hors-sol": Elisabeth Borne veut sanctionner les parents d'enfants délinquants, mesure qui fait débat

Quatre mois après les émeutes qui ont frappé la France suite à la mort du jeune Nahel, Elisabeth Borne a présenté jeudi une série de mesures régaliennes. Devant 500 maires réunis en Sorbonne, la Première ministre a souhaité placer chacun devant ses responsabilités.
En premier lieu, les parents des mineurs délinquants. Elle a proposé de faire peser plus de poids pénal sur ces derniers à travers une forme de responsabilité pénale avec la possibilité de travaux d'intérêts généraux ou des stages de responsabilité parentale.
A Rive-de-Gié, ville de 15.000 habitants dans la Loire qui a connu deux nuits très mouvementées fin juin, ces annonces sont accueillies plutôt froidement. Lors des émeutes, la mairie et commissariat ont été incendiés, des commerces et du matériel urbain ont également été dégradés. La faute aux émeutiers, pas à leurs parents selon Corine.
“Malheureusement il y a des enfants qui n’en font qu’à leur tête. On ne peut pas toujours être derrière eux pour voir ce qu’ils font”, juge-t-elle.
Un avis partagé par Abdallah, 17 ans. Il doute que ces mesures soient efficaces pour dissuader les jeunes. “Le plus souvent c’est l’effet de groupe, on ne réfléchit pas. Il y en a plein qui ont eu une très très bonne éducation mais qui ont mal fini pour autant”, estime-t-il.
Une difficulté de plus pour des parents parfois dépassés?
Un avis que ne partage pas Lilian. Lui estime que cette mesure peut avoir du poids. “En sanctionnant les parents, ça leur fera prendre conscience et ça les touchera plus que de les sanctionner individuellement”, pointe-t-il.
Faire payer les dommages aux parents, leur faire effectuer des travaux d’intérêt général ou même des stages de responsabilité, ces pistes sont très mal perçues par Jean-Marc Priat, le directeur du centre social Henri-Matisse.
“C’est un discours hors-sol, ce n’est pas le discours de personnes qui sont sur le terrain. J’entends parler de parents qui sont dépassés, qui pour la plupart sont monoparentaux, sont isolés, qui cumulent déjà beaucoup d’autres difficultés comme la maîtrise de la langue, l’insertion professionnelle, la mobilité… Donc leur ajouter un obstacle supplémentaire, qu’on m’explique en quoi ça va leur permettre de mieux s’occuper de leurs enfants”, pointe-t-il.
Lui demande plus de moyens dans le secteur social pour renforcer le dialogue avec ces jeunes et leur famille.