"C'est un peu triste": comment les boîtes de nuit se réinventent pour attirer les danseurs

Et si la solution pour renflouer les boîtes de nuit, c'était des boites de début de soirée? C'est la mode actuelle alors qu'encore récemment, il fallait attendre 1h du matin pour aller danser en discothèque. Maintenant, la tendance est à l'ouverture des clubs dès 20h.
La raison? les fêtards ne veulent plus se coucher trop tard. Les jeunes actifs ne veulent plus attendre pour se déhancher et finir fatigués. Résultat, ils font la fête dans les bars dansants, les guinguettes ou certains restaurants qui montent le son et poussent les tables dès la fin du dîner.
Car il y a urgence à sauver la nuit, désertée par les fêtards. Sur les 1600 établissements de nuit qu'on recensait en 2020 avant la pandémie de Covid, 300 ont fermé leur portes et plusieurs milliers de salariés ont perdu leur emploi selon le Syndicat national des discothèques et des lieux de loisirs. Preuve en est, le dernier Macumba de France, une franchise qui a compté jusqu'à 23 établissements, a fermé ses portes le 23 février dernier.
"Ce n'est plus à la mode"
"Aller en boîte et danser n'est plus à la mode donc les boîtes de nuit se vident", note Juliette Briens. "Au lieu de se plaindre ils se réinventent, s'adaptent et font renaître quelque chose. Voilà comment on arrive à survivre quand les modes changent", poursuit-elle sur le plateau d'Estelle Midi.
"Avant ça se méritait les boîtes de nuit, on se maquillait et aujourd'hui, à 23h on est chez soi, c'est un peu triste", déplore de son côté Estelle Denis. "Si on commence à danser à 20h, le public est plus large et on est dans une ambiance festive et pas nocturne", assure de son côté Jean-Philippe Doux sur RMC et RMC Story.
Quant à Daniel Riolo qui a fréquenté les boîtes de nuit dans sa jeunesse, il estime que "les restaurants festifs, c'est un truc de daron". "La bouffe coûte un peu plus cher que la normale, à 22h on met la musique fort avec de la musique qui nous parle et à 23h on est au lit avec un thé, c'est bien, il en faut pour tout le monde".
Faire la fête sans se fatiguer
Agnès, qui rentre tout juste d'Ibiza, explique qu'il existe sur l'île des Baléares "une boîte de jour", l'Ushuaïa, ouvert de 17 à 23h: "On a vu David Guetta, c'était génial. Et si après on veut aller se coucher, on va se coucher, et les autres peuvent aller dans la boîte d'en face. Nous ça nous permet d'aller en club et de ne pas se réveiller fatigué".
Et elle l'assure, l'ambiance ne retombe pas malgré la lumière du jour: "C'est tellement mieux. Par contre, niveau boisson on y va tranquille parce que la bouteille d'eau de 50 cl, on l'a payée 15 euros".
Les habitudes restent cependant. Julien DJ au Havre l'a bien noté: "La fête commence dans les bars et on a beau ouvrir dès 00h, il n'y a personne avant 2h". Même son de cloche pour Frédéric, videur en boîte de nuit dans l'Ariège: "On ouvre à 22h, il n'y a personne avant 00h".
La concurrence déloyale des bars de nuit?
Matthieu Lebrun porte-parole de "l'Umih Nuit" et patron de boîte de nuit dans la Manche a un autre discours: "En province, les boîtes de nuit ça va très bien malgré les bâtons dans les roues. L'Etat nous autorise à ouvrir jusqu'à 7h du matin mais c'est pareil pour les bars qui ont eu une dérogation pour ouvrir jusqu'à 3h du matin", déplore-t-il.
"Et ils n'ont pas nos restrictions spécifiques de sécurité. Quant au moindre problème dans une boîte de nuit, il est relayé par la presse et la télé, ce n'est pas le cas dans un bar", ajoute Matthieu Lebrun.
Kevin, gérant d'une boîte de nuit à Marseille, s'est lui aussi adapté en ouvrant un restaurant festif dans la cité phocéenne: "On a décidé de le fermer à 00h pour ne pas perdre de monde sur la boîte". Comme ça, tout le monde est content.