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"Ça va terminer avec des affrontements": à Mayotte, les mesures annoncées ne rassurent pas

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L'inquiétude ne faiblit pas à Mayotte malgré les annonces du Premier ministre, François Bayrou, présent sur place lundi. Il a notamment annoncé une batterie de mesures dont le retour de l'eau potable à son niveau normal en fin de semaine, rétablissement de l'électricité dans chaque foyer d'ici fin janvier et reconstruction complète de l'archipel sous deux ans. Mais sur place, les habitants ne sont pas convaincus.

"On ne peut pas laisser Mayotte devenir la capitale des bidonvilles", a insisté François Bayrou lundi lors de son déplacement sur l’île après le passage du cyclone Chido. L'État et les pouvoirs publics locaux se sont engagés à "empêcher la reconstruction des bidonvilles" à Mayotte, a-t-il affirmé, précisant que ces dispositions pourront être "inscrites dans la loi".

Et face à l’immigration irrégulière, "un recensement général et précis de la population sera organisé", a ajouté le Premier ministre, qui a promis de ne pas "éluder" la question de l’immigration dans le département.

Des annonces qui n'ont pas convaincu les habitants de Mayotte. Interdire la reconstruction des bidonvilles à Mayotte, c'est déjà trop tard pour Mohamed un habitant de Mamoudzou. “C’est déjà reconstruit. C’est des F3 et des F4 qu’ils ont construit”, ironise-t-il.

Le Premier ministre a aussi annoncé que les personnes en situation irrégulière dans les centres d'hébergement d'urgences seraient reconduites à la frontière. Mais pour Mohamed, ce n'est pas le moment de faire de telles annonces.

“Traitons les urgences dans l’ordre. Que tout le monde ait de l’eau, de l’électricité. Ça ça risque d’envenimer les choses. Avec la peur, la faim et le fait qu’ils se voient rejetés, j’ai peur que la violence revienne de manière encore pire”, indique-t-il.
À Mayotte, François Bayrou veut interdire la reconstruction des bidonvilles
À Mayotte, François Bayrou veut interdire la reconstruction des bidonvilles
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La peur d'une montée de la violence

Lundi une école qui servait de centre d'hébergement a été incendiée après l'annonce du maire de Mamoudzou qu'il fallait quitter les lieux. Alors la violence est inévitable pour Christophe Youssouffa. “Ça va terminer forcément avec des affrontements. Mais on est obligé de passer par là”, déplore-t-il.

Il est membre du Collectif citoyen de Mayotte et il souhaiterait tout simplement que les bidonvilles soient détruits et leurs habitants expulsés.

“Il faut trouver le courage politique de dire, on détruit les bidonvilles qui ont été reconstruits et les personnes qui n’ont rien à faire sur ce territoire, il faut qu’on les renvoie aux Comores”, appuie-t-il.

Le Premier ministre a demandé lundi un recensement précis de la population de Mayotte. Le département compte 320.000 habitants selon l’Insee, mais peut-être 100. 000 à 200.000 de plus avec les sans-papiers

Romain Poisot avec Guillaume Descours