Calais: "On est à bout", témoigne un agriculteur dont le champ est dégradé par les migrants

La journée s'annonce noire sur l'A16, dans le nord de la France. A l'initiative d'une association de commerçants et d'agriculteurs de la région, deux opérations escargot et le blocage de la rocade portuaire sont organisées autour de Calais. Vers 10 heures, l'A16 devrait être complètement bloquée autour de l'agglomération.
Les manifestants réclament le démantèlement de la Jungle, le camp de migrants dont la population a atteint des records cet été, avec 6.900 personnes selon l'Etat et 10.000, selon les associations. D'après les riverains, agriculteurs et commerçants, le camp fragilise l'économie de la région et pose des problèmes de sécurité.
Monticules de déchets
Xavier Foissey est agriculteur et exploite un champ de céréales à Marck, tout près de Calais. Il sera ce lundi en tête de cortège, car il explique subir depuis un an de lourdes pertes sur son exploitation de 140 hectares, qui se situe en bordure de l'autoroute A16.
Le champ est très régulièrement dégradé par le passage des migrants et chaque jour, ce sont des monticules de déchets qu'il récolte et qu'il trie dans sa cour, "des bouteilles en plastique, des bombes lacrymo, des vêtements laissés par les migrants…", énumère l'agriculteur.
"C’est plus possible, on est à bout, il y a déjà 27 heures de travail pour avoir ramassé tout ça", s'impatiente-t-il, devant une pile d'une vingtaine de sacs en plastique.
35.000 euros de pertes
Chaque nuit, des migrants qui espèrent rejoindre l'Angleterre dorment dans son champ. "Ils élaborent des barrages grâce aux arbres qui sont en bord d’autoroute. Après ça c’est l’assaut des centaines de migrants qui étaient cachés dans les blés", explique Xavier Foissey.
Du fait du piétinement, une partie de la parcelle n'est pas récoltable, et l'agriculteur estime perdre 25% de sa production. Les dégradations lui ont coûté au total 35.000 euros, d'après lui, soit la somme qu'il espérait toucher à la fin de l'année.
Des promesses jugées insuffisantes
Pour répondre à la colère des habitants, Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur, s'est rendu vendredi à Calais. Il a promis le déploiement supplémentaire de 200 membres des forces de l'ordre, mais aussi 8.000 places en plus dans les centres d'hébergement. Des annonces jugées insuffisantes, et qui n'ont en tout cas pas suffit à faire annuler les perturbations prévues ce lundi.
"On n’a pas eu de dates par rapport à ce démantèlement", dénonce David Sagnard, directeur des transports Carpentier à Calais, qui manifeste ce lundi.
"On cherche à avoir des réponses, on sera obligés de maintenir notre manifestation, pour que la sécurisation de l’autoroute A16, de la rocade porturaire, soit définitive. Aujourd’hui, on attend vraiment que le président de la République s’engage pour le calaisis", conclut-il.