"Ce n'est pas conforme à la civilité": ce qu'Emmanuel Macron disait sur le voile en avril 2018
"Le port du voile dans l'espace public n'est pas l'affaire de l'Etat". Jeudi, Emmanuel Macron a voulu clarifier sa position sur cette polémique qui depuis 15 jours divise au sein même du gouvernement, et dont se sont emparées la droite et l'extrême droite.
En voyage à La Réunion, le chef de l'Etat, que ses opposants comme ses partisans pressaient d'intervenir sur ce sujet sensible, a tranché par une formule lapidaire. "Le port du voile dans l'espace public n'est pas mon affaire. Dans les services publics, à l'école, c'est mon affaire", a-t-il dit.
"Dans les services publics, il y a un devoir de neutralité. Quand on éduque nos enfants, on demande qu'il n'y ait pas de signe religieux ostentatoire. Après, ce qui se passe dans l'espace public, c'est pas l'affaire de l'Etat ou du président de la République", a-t-il dit sur la chaîne Réunion la 1ère.
"Je ne veux pas faire une loi qui l'interdise dans la rue car ce serait contre-productif"
Toutefois, il avait évoqué le sujet plus en profondeur et donné son sentiment personnel en avril 2018 en direct face à Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel (voir vidéo ci-dessus). Il semblait plus proche de la position de Jean-Michel Blanquer, tancé par sa majorité pour avoir estimé que le voile n'était "pas souhaitable dans notre société".
Le président de la République avait alors évoqué un problème de "civilité", tout en estimant qu'il n'était nécessaire d'en faire une loi pour l'interdire dans la rue.
"Le sujet du voile est très important aujourd'hui, il a pris un tour très particulier. Et ce n'est pas vrai que c'est la laïcité qui consisterait à dire que l'on va interdire partout le voile. Quand je croise une femme voilée je la respecte. mais je veux être sûr d'une choix: que c'est son choix.
Je n'ai pas une réponse univoque sur ce point. Mais pourquoi cela nous insécurise, ce voile ? C'est que ça n'est pas conforme à la civilité qu'il y a dans notre pays, c'est à dire au rapport entre les hommes et les femmes dans notre pays. Nous sommes attachés à l'égalité entre l'homme et la femme, mais je ne veux pas faire une loi qui l'interdise dans la rue car ce serait contre-productif. Ce dont je veux être sûr c'est qu'aucune femme ne soit obligée de le porter. Et ça c'est la clé de la bataille qui est la nôtre", disait-il donc le 15 avril 2018.