Ce qui se cache derrière le nébuleux mouvement qui veut bloquer la France le 10 septembre

C'est un mouvement nébuleux, mystérieux même. Depuis plusieurs semaines, de nombreux appels à bloquer la France le 10 septembre apparaissent sur les réseaux sociaux. Un mouvement qui n’est pas sans rappeler celui des “Gilets Jaunes” et que RMC a pu exceptionnellement approcher de très près, mais non sans peine.
En effet, tout se passe sur les réseaux sociaux et plus particulièrement sur des messageries cryptées, classées par département et regroupant parfois des centaines d'internautes. Cachés derrière des pseudos, ils sont très méfiants, et le mot "journaliste" les rebute. "Il n'y a pas de chef ici, je ne parlerai pas au nom du collectif", nous a rétorqué l'un d'entre eux avant de bloquer les messages de notre journaliste.
"Le 10 septembre doit avoir l'effet d'une bombe"
Un mouvement qui est apparu sur les réseaux sociaux, mais qui ne se limite plus à ces derniers désormais. En effet, depuis quelques jours, des réunions sont organisées un peu partout en France, des "AG", Assemblées générales. L'une d'entre elles a eu lieu mardi dernier dans un parc en périphérie de Paris.
Deux heures de réunion informelle et une soixantaine de participants. Entre eux, ils s'appellent "camarade". Ils sont ouvriers, retraités, professeurs, étudiants en médecine...
Des nombreuses revendications
Chacun y va de sa revendication: augmentation du Smic, assemblée constituante, suppression de la TVA... Mais aussi d’autres sujets comme la fin de la guerre à Gaza, la défense de l'aide médicale d'Etat… Bref, une liste interminable.
Mais de Paris à Montpellier où on a pu rencontrer quelques militants, il y a tout de même un mot d'ordre.
“On veut arriver à faire échouer le plan d’économies de suppression de jours fériés. On est d’accord sur au moins quelque chose: ce budget, on n’en veut pas”, soulignent ces militants.
Alors pour le 10 septembre, quelles seront les actions? "Le 10 septembre doit avoir l'effet d'une bombe" nous a confié un participant. Mais faut-il encore savoir sur quels détonateurs appuyer. Boycott des grandes enseignes, ne payer qu'en cash... Certains rêvent aussi de manifestations d'ampleur, de piquets de grève, de blocage de préfecture, du marché de Rungis, de l'aéroport d'Orly...
Un mouvement miné par les récupérations politiques?
Certains sont également prêts comme en 2018 à remettre leur “Gilet Jaune” et retourner sur les ronds-points presque par nostalgie. C’est le cas à Nîmes par exemple, où le rond-point du Kilomètre Delta sera à nouveau investi dès 7h30 du matin le 10 septembre. C'est ce que dit un tract distribué par Jean-Marc, militant convaincu. Mais les opérations de séduction qu’il mène ne se passent pas toujours comme prévu. Un homme lui reproche notamment la récupération du mouvement par des partis politiques, LFI notamment. Jean-Luc Mélenchon a effectivement apporté son soutien au mouvement. Mais Jean-Marc le martèle: " Ce n'est ni un mouvement de gauche, ni de droite... C'est un mouvement de colère".
“Je ne suis pas apolitique, mais je suis apartisan. Il y a une différence. S’il y a une récupération, on sait qu’il y aura une partie des citoyens qui partira”, indique-t-il à RMC.
"Les droites ne semblent plus trop les bienvenues dans le mouvement" a confié également une figure bien connue des Gilets Jaunes. “Et certains parmi nous ne veulent plus participer", abonde un administrateur d'une page soutien au 10 septembre. Une page dont les internautes sont, de son propre aveu, plutôt de droite voire d'extrême-droite. "Ils ne veulent pas marcher avec les gauchistes", conclut-il. Un mouvement qui est donc déjà peut-être miné par les clivages droite-gauche.
S’ils refusent l'appui des partis, est-ce qu'ils réclament celui des syndicats? Pour l'heure, il n'y a que FO, Sud-Rail et certaines branches de la CGT, qui se sont dit favorables.
En Assemblée générale, certains comme cette professeure se sont interrogés: “comment va-t-on faire pour mettre la France à l'arrêt sans préavis de grève?". En effet, le 10 septembre tombe un mercredi, a fait remarquer Stéphane Sirot, historien des mouvements sociaux. Pour lui, seule l'expertise des syndicats permettrait de rallier plus de travailleurs à cette cause.