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Société

Clichés, difficultés... Une étude illustre le sentiment de déclassement des habitants à la campagne

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Ouest-France a publié lundi une étude sur la ruralité, et les réalités de la vie à la campagne. Clichés, discriminations, difficultés du quotidien, mais aussi tranquillité et convivialité, tous les sujets sont abordés.

C'est une étude menée par quatre organismes (Destin Commun, Bouge ton coq, Insite et Rura), publiée lundi dans le journal Ouest-France. Elle nous apprend que les habitants de la "campagne" se sentent déclassés, mal représentés, ou alors par des clichés.

Car d'abord, il est difficile de comptabiliser le nombre réel d'habitants de la campagne. En 2023, une nouvelle définition a été établie par l’Insee. Elle intègre les bourgs ruraux, le rural à habitat dispersé et celui à habitat très dispersé. Ainsi, selon Ouest-France, la France compte aujourd’hui 21,5 millions de ruraux, soit près de 33 % de la population, répartie dans 30.772 communes. 45 % des ruraux ont plus de 55 ans (contre 40 % de la population totale).

Les clichés ont la vie dure

Le deuxième point abordé concerne les clichés, 83% des ruraux trouvent que les médias et politiques imposent une vision caricaturale de la réalité. Parmi les stéréotypes les plus cités, on trouve: passer beaucoup de temps avec ses vaches et ses poules, quand seuls 2% des habitants des campagnes sont agriculteurs.

Mais aussi les clichés sur l’alcool, le tuning de sa moto, de sa voiture, la chasse ou encore un mauvais goût en matière vestimentaire. Selon l'étude, l'exemple parfait est l’émission L'Amour est dans le pré. Finalement, seuls 10% des ruraux se sentent bien représentés par le gouvernement, 22% dans les publicités, 31% au cinéma.

Problèmes du quotidien

Bien loin des clichés, ce sont des problèmes du quotidien auxquels sont confrontés ces Français qui vivent à la campagne, qui sont les plus recensés. L'étude décortique, point par point, tous les aspects de la vie quotidienne des habitants de la campagne, qui dénotent à la vie des habitants urbains. Arrive largement en tête, l'éloignement. L'étude ressort un chiffre qui "donne la mesure".

"Depuis 1930, près de 18.500 kilomètres de lignes ferroviaires (soit 40% du réseau) ont disparu en France, principalement dans les zones rurales", selon Ouest-France.

Cela s'accompagne d'une offre réduite de transports en commun, et donc la dépendance à la voiture.

Viennent ensuite le manque de médecins, d’hôpitaux ou de maternité. 40% considèrent l'accès aux soins comme un problème majeur. Et le manque de commerces de proximité. 21.000 communes en sont dépourvues en France, selon les derniers chiffres de 2021. Les services de proximité manquent également. Bureaux de poste, boulangeries etc. Tant de commerces qui ferment et laissent les habitants dépourvus.

Vote d'extrême droite

Autant de préoccupations qui mènent à un sentiment de relégation, d’abandon d’ordre politique, culturel et économique. Et ça se ressent dans les urnes avec en moyenne un vote plus fort pour l’extrême droite dans les campagnes. L'étude nuance de tout même: "d’abord, il y a plus de participation aux élections que dans les zones urbaines. Quant au vote RN, oui, il est proportionnellement supérieur (en milieu rural) à la moyenne nationale : 42 % contre 32 % mais la coupure principale n’est pas entre villes et campagnes mais entre les grands centres urbains et tous les autres territoires".

"On passe de l’exclusion symbolique à un repli identitaire", résume notamment cette étude.

Solution d'avenir

Mais l'étude est également là pour mettre en avant les aspects positifs d'habiter à la campagne. D'abord la tranquillité, qui revient comme élément essentiel. La nature aussi, et la vie avec des animaux.

"38% possèdent un chien contre 31% des urbains, 48% ont un chat contre 40%, et 14% élèvent des poules, soit plus du double des urbains", relève l'étude.

L'écologie serait aussi plus présente en milieu rural. Que ce soit dans le tri des déchets, le choix de produits de saison, le compost ou le fait de ne jamais prendre l’avion.

Sans compter la proximité et la convivialité. Autre cliché qui persiste mais a sa part de vérité: tout le monde (ou presque) se connaît dans les petites communes rurales. Et surtout le maire. 90% des ruraux le connaissent, dont 54% personnellement, selon l'étude. C’est le cas de 30 % des urbains.

Cela s'accompagne donc d'un plus grand investissement et intérêt politique, pour régler directement les problèmes qui les concernent au quotidien. Les organismes qui ont réalisé l'étude avancent qu'il faut faire de la ruralité un "laboratoire pour l’avenir de tout le pays". Un avis qui met tout le monde d'accord. "81 % des Français pensent qu’on devrait davantage s’inspirer de ce qui se passe dans les zones rurales pour résoudre les problèmes à l’échelle de la France", conclut l'étude.

SG avec Romain Houg