De plus en plus d'adultes se font baptiser en France: pourquoi une telle progression?

Le pape sera en Corse ce week-end, et il va trouver en France un pays avec de plus en plus d’adultes qui se font baptiser. Les catholiques se comptent, mais comptent surtout les nouveaux arrivants, avec une étonnante progression des baptêmes d’adultes. 7.135 adultes ont été baptisés à Pâques en 2024. C’est le seul moment de l’année pour recevoir le baptême adulte et c'est +31% par rapport à 2023, année record déjà. La moyenne était plutôt de 4.000 par an dans les années précédentes.
Ces chiffres peuvent surprendre, car on parle surtout de l’Eglise pour ses scandales d’abus sexuels, ou pour les révélations sur l’Abbé Pierre récemment. C’est un euphémisme donc que dire que l’Eglise catholique n’a pas bonne presse, voire qu’elle souffre désormais d’une image sulfureuse.
Mais ça, c’est pour les tendances générales, l’actualité. La réalité est plus intime. Accidents de la vie, quête de sens... Les raisons de ce choix sont multiples.
Qu’est-ce qui pousse ces Français vers l’Eglise catholique?
Le Monde cite ce mardi Monseigneur Olivier Leborgne, évêque d’Arras et en charge de ces questions à la Conférence des Evêques de France: "Dans un monde qui perd ses repères, qui est bousculé au niveau national et international, qui voit une montée de la violence, les gens cherchent quelque chose qui peut donner du sens à leur vie", juge-t-il.
L’état du monde, avec un vrai virage post pandémie. Ces nouveaux chrétiens viennent de partout, les deux tiers issus de familles de tradition chrétienne. Mais aussi un quart de milieux sans religion ou encore 5% de culture musulmane. Des Français qui, parfois, étaient éloignés de la pratique religieuse et qui font donc un véritable choix de conversion.
Contrairement au baptême traditionnel, celui des jeunes enfants, en tant qu'adulte, il faut demander le baptême. L’aspirant chrétien entre alors en catéchuménat. C’est le nom que l’on donne au temps de préparation, d’initiation. Une formation pré-baptême où l’on s’engage plusieurs mois.
Un profil type du baptisé adulte?
Il y a des caractéristiques qui se dessinent, quand on creuse dans les dernières données de la Conférence des évêques de France, publiées au printemps dernier. Une majorité de femmes: 62%. Et on trouve des baptisés de tous les âges, mais une belle proportion de jeunes. C’est surtout chez les 18-35 ans que l’on voit la plus forte hausse +150% de baptisés, c’est plus du double de nouveaux baptisés en un an. Un quart des adultes baptisés sont étudiants. Des jeunes qui se posent la question de leur identité, explique Monseigneur Leborgne: "Quelles sont mes racines? (...) Nous avons des jeunes catholiques qui habitent une identité décomplexée…"
38% des nouveaux baptisés sont issus de milieux qui sont définis comme "populaires", et plus de sept nouveaux baptisés sur dix vivent en zone urbaine. Mais on note aussi une progression importante, une tendance dans les territoires ruraux. Enfin, le podium régional donne plus de baptisés adultes à Besançon, Dijon et Clermont.
Des chiffres à relativiser
Il faut relativiser ces chiffres car chaque année, on compte moins de baptêmes d’enfants et de moins en moins de chrétiens. Selon une étude de l’INSEE, en 2019-2020, 29% des Français se déclaraient chrétiens catholiques. C’est bien sûr la religion majoritaire, mais dans un pays où 51% se déclarent sans religion. Et cette tendance à la baisse n’est pas nouvelle, mais c’est aussi, précisément, une explication paradoxale à ces chiffres d’adultes baptisés.
Auparavant, on était baptisé à la naissance. Mais de 400.000 baptêmes de bébés en 2000, on est passé à 200.000 en 2019. Résultat, aujourd’hui, on trouve une proportion plus importante que jamais d’adultes non baptisés.