Désindexer les retraites et les allocations sociales, la solution pour faire des économies ?

Les retraités devront-ils contribuer aux économies faites par l'Etat ? Plusieurs députées de la majorité défendent cette idée et souhaiteraient désindexer les pensions de retraites et les aides sociales par rapport à l'inflation.
Cette mesure pourrait permettre d'économiser 20 milliards d'euros, mais représente un risque électoral. En effet, la majorité compte de nombreux votes issus des retraités, tandis que la fin de l'indexation sur les allocations sociales frapperaient surtout les personnes les plus précaires et les familles.
Mais la démarche n'est pas une nouveauté, et avait été utilisée en 2019. A l'époque, les retraites de base n'avaient été revalorisées que de 0.3%, alors que l'inflation était autour de 1,3%. Cela avait permis de réaliser un gain financier de 3 milliards d'euros.
Aujourd'hui, l'enjeu est celui du budget de l'année 2025, auquel il manque 20 milliards d'euros. D'après le président du groupe Renaissance à l'Assemblée, Sylvain Maillard, cesser l'indexation sur les retraites et les allocations sociales permettrait de compenser cette somme d'argent.
"Je préfère qu'on fasse des économies sur eux"
Si la démarche en repousse plus d'un, d'autres l'encouragent. "On a besoin de faire des économies et, aujourd'hui, il faut favoriser plutôt ceux qui travaillent", indique Marc, originaire de Saône-et-Loire.
"Les retraités ce sont souvent des gens qui vivent très bien, car souvent ils n'ont plus d'enfants à charge, les maisons sont souvent payées... Je préfère qu'on fasse des économies sur eux plutôt que sur les jeunes actifs qui vivent très mal", explique Marc.
Pour Agnès, retraitée installée à La Rochelle, de nombreux français ne mesurent pas la réalité des personnes ayant fini leur carrière. "Je trouve ça immoral que les retraites soient désindexées", lâche-t-elle.
"Nous, on paie aussi. Qu'est-ce que vous croyez ? Qu'on touche la retraite normalement ? On la touche après la CSG et après l'ERDS. On paie aussi la dette sociale", se défend-t-elle.
Celle qui a travaillé dans la même société durant 38 ans rappelle par ailleurs que "tous les retraités ne sont pas propriétaires" ou touchent "une retraite de 3000 ou 4000 euros".
Si le débat divise, il est toutefois nécessaire et devra être posé sur la table. "Au regard des enjeux, sachant que les retraites sont le premier poste de dépenses publiques, cela pose la question de savoir si on peut maintenir le niveau de vie des retraités", indique Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques.
L'expert rappelle que durant plusieurs années d'une inflation étouffante, "les retraités ont été plus protégés que les salariés". Ce constant pose pose nécessairement la question de leur contribution.