"Du mépris": les étudiants délogés pour les JO pas convaincus par la compensation de 100€ et 2 places

Sans logement, mais pas sans ticket pour les JO 2024! Les étudiants parisiens dont les logements du Crous vont être réquisitionnés à l'occasion des Jeux olympiques, seront dédommagés: ils recevront 100 euros mais aussi deux places pour des épreuves des JO.
C'est ce qu'a annoncé jeudi la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau, alors que plus de 2.000 étudiants sont concernés par la réquisition de leur logement, au profit de pompiers, soignants, forces de l'ordre et membres de la sécurité civile.
"On préférerait une réforme des bourses"
Cette rémunération, c'est "une miette" pour Adrien Liénard, trésorier de l'Union nationale des étudiants de France (Unef), l'un des principaux syndicats étudiants: "Le fait que la ministre ne revienne pas sur sa décision et explique qu'on va avoir 100 euros, c'est une miette", déplore-t-il au micro de RMC.
"En tant qu'étudiant, on préférerait une réforme des bourses à la hauteur pour lutter contre l'inflation plutôt que d'avoir des places pour les Jeux olympiques. Si le gouvernement veut des chambres de Crous, qu'il réquisitionne celles qui sont inoccupées", ajoute le syndicaliste.
"C'est un paternalisme et un mépris envers la jeunesse de considérer que les gens qui vont être expulsés ne vont pas protester parce qu'ils ont 100 euros et des places pour les JO", prévient Adrien Liénard.
"100 balles et un Mars"
"Ces logements servent aussi à rester sur place pour travailler l'été et avoir de l'argent pour leur scolarité", note de son côté l'avocate Marie-Anne Soubré. "On se moque du monde, c'est comme l'expression 100 balles et un mars", déplore-t-elle sur le plateau des Grandes Gueules. "C'est une façon de se moquer des étudiants", abonde Medhi Ghezzar qui s'inquiète pour l'organisation générale des Jeux olympiques. "Il fallait penser au manque de place quand on a déposé le dossier de candidature il y a 10 ans", ajoute-t-il.
"Ça me rappelle la médaille qu'on a donnée aux soignants pendant la pandémie de Covid-19", se remémore le médecin Jérôme Marty. "C'est la même chose, une petite récompense en raison d'un manque d'organisation".
La réquisition des logements du Crous suspendue à une décision de justice
De son côté, la ministre a assuré que les étudiants seraient relogés: "L'idée est de reloger ces étudiants pendant les deux mois d'été, juillet et août, sans aucun surcoût. Ce déménagement se fera, s'ils le désirent, au plus près de leur lieu d'études", a-t-elle promis.
"Tous les ans, en Île-de-France, 30% des logements Crous, soit 6.000 appartements, se retrouvent inoccupés durant l'été car les étudiants arrêtent leur bail pour des raisons diverses", a tenu à rappeler Sylvie Retailleau.
Mais tout reste suspendu à une décision de justice. En septembre dernier, le tribunal administratif de Paris avait suspendu en référé la décision du Crous de limiter les baux d'occupation des logements étudiants en vue des JO de Paris 2024 au 30 juin. Après un recours du Crous, une audience devant le Conseil d'Etat doit avoir lieu "fin novembre-début décembre", a précisé à l'AFP source judiciaire.