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3.000 candidats en moins pour devenir prof: "Un véritable effondrement", alertent les syndicats

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Les syndicats ont alerté, mardi, le gouvernement et l'opinion publique quant à la situation dans les salles de classe, après l'annonce des chiffres des concours pour devenir professeur dans le second degré. Ils sont 3.000 candidats en moins par rapport à l'an dernier (-4%).

La tendance se poursuit et il y a toujours de moins en moins de candidats pour devenir professeur dans les collèges et lycées année après année. Cette année, il y a 3.000 candidats de moins inscrits aux concours, soit une baisse de 4% par rapport à l'an dernier. Un chiffre inquiétant pour les syndicats, qui continuent de tirer la sonnette d'alarme.

"Le nombre d'inscrits est en baisse et ne cesse de baisser depuis des années. On assiste à un véritable effondrement. Le nombre d'inscrits aux concours a été divisé par 2 depuis 2009", regrette Sophie Venetitay, secrétaire générale SNES-FSU.

Invité de Charles Matin, sur RMC et RMC Story, ce mardi, cette dernière pointe principalement du doigt le sujet de la rémunération. "Il y a très peu d'efforts qui ont été faits par les derniers gouvernements. Le métier d'enseignant reste un métier mal payé. Il y a eu des efforts sur les tous débuts de carrière, mais sur les milieux et fins de carrière, rien n'a été fait.

Aujourd'hui, il faut attendre 17 ans pour gagner 400 euros de plus", se désole-t-elle. Selon une enquête Ipsos, réalisée en 2022 auprès des étudiants français, la rémunération est la première raison avancée pour ne pas devenir enseignant.

L'invité de Charles Matin : Concours de profs, le nombre de candidats en baisse - 18/02
L'invité de Charles Matin : Concours de profs, le nombre de candidats en baisse - 18/02
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Une image dégradée dans l'opinion publique

Si la profession n'attire plus, selon Jean-Rémi Girard, président du SNALC, le syndicat national du second degré, c'est aussi à cause de l'image du métier complètement dégradée: "Il n'y a pas une semaine sans que l'on parle d'un professeur qui a été agressé." Même constat pour Sophie Venetitay:

"Ce métier n'attire plus aussi pour des raisons de considération, aujourd'hui qui respecte les enseignants dans ce pays? On a l'impression d'être devenus les punching balls, et ça finit par peser sur l'image des enseignants."

Les syndicats estiment également que les conditions de travail sont de plus en plus difficiles. "Du temps de travail qui a été augmenté, des heures supplémentaires que l'on ne peut pas refuser. Ce sont parmi les classes les plus chargées d'Europe", liste Jean-Rémi Girard.

Les premières personnes impactées seront malheureusement les élèves. "On n'a plus de remplaçant à proposer, ce qui explique parfois que des élèves n'aient pas de mathématiques ou de français pendant un mois, deux mois, voire plus longtemps", observe le président du SNALC. Résultat, les absences non-remplacées vont continuer à augmenter selon lui.

Plusieurs ministres, mais très peu de mesures, selon les syndicats

"Je veux bien qu'on me sorte le budget, le déficit, mais à un moment il y a une réalité humaine, une réalité scolaire, le manque de professeurs dans ce pays devrait être un scandale national", alarme Sophie Venetitay. Il manque également des postes car les jurys des concours veulent garder un certain niveau d'exigence "qui garantit un professeur bien formé devant les élèves".

La ministre de l'Éducation nationale Élisabeth Borne a signifié qu'elle voulait rouvrir une concertation sur la réforme de la formation initiale des enseignants, jugée "nécessaire" il y a deux ans par la Cour des comptes. "Elisabeth Borne a la même réponse que tous les ministres depuis au moins Gabriel Attal. Elle dit qu'on va ouvrir l'agenda social, on va ouvrir des discussions. J'en suis à mon 7e ministre, j'ai entendu cette phrase à chaque arrivée de ministre, depuis que Gabriel Attal est là", a réagi la secrétaire générale SNES-FSU, qui regrette le manque d'actions concrètes des ministres successifs.

Juliette Penn (avec TRC)