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Brevet des collèges: "Aujourd’hui le contrôle continu prévaut sur l'examen final, ce devrait être l'inverse"

800.000 élèves planchent aujourd'hui et demain sur le brevet des collèges. (Photo d'illustration)

800.000 élèves planchent aujourd'hui et demain sur le brevet des collèges. (Photo d'illustration) - AFP

Quelque 800.000 collégiens ont commencé à plancher ce jeudi sur les deux grands socles de connaissances du brevet des collèges. Cette année, un nouveau barème donne la priorité au contrôle continu dans l'obtention du diplôme, au détriment de l'examen final. Ce qui dévalorise le brevet, selon Valérie Sipahimalani, secrétaire générale adjointe du syndicat SNES-Fsu.

Valérie Sipahimalani est secrétaire générale adjointe du Syndicat National des enseignements de second degré (SNES-Fsu).

"Auparavant, dans le barème du brevet, vous aviez une partie qui était liée au contrôle continu dans les disciplines tout au long de l’année, et puis vous aviez pendant l'examen final des épreuves d’histoire-géographie, éducation civique, français et mathématiques, et une épreuve orale d’histoire des arts.

Dans le nouveau brevet, on a remplacé les notes par un "positionnement des élèves" sur huit composantes dans le nouveau socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Vous devez positionner les élèves sur une échelle de 1 à 4 dans chacun de ces domaines et sous-domaines, ce qui donne un certain nombre de points.

Ce ne sont pas des notes, et ces "positionnements" ne sont pas forcément en lien avec l’année. Par exemple, vous avez un seul positionnement pour les trois matières que sont l'éducation physique et sportive (EPS), l'éducation musicale et les arts plastiques, alors que ce sont pas du tout les mêmes compétences ni les mêmes savoirs. La LV1 et la LV2 sont sur le même positionnement. 

Normalement on fait ça au conseil de classe du troisième trimestre, par rapport à l'avis des professeurs, un petit peu au doigt mouillé car il n'y a pas d'évaluation en général dans les collèges en cours d'année. Ce positionnement représente 400 points sur 700 sur la note finale du brevet. Ce qui fait que certains élèves ont déjà le brevet avant de passer les écrits de l'examen final.

"Un positionnement plus politique que pédagogique"

Finalement c’est plus un positionnement politique que pédagogique parce dans certains collèges, on est partis du principe que comme on ne savait pas trop bien faire ce positionnement, on allait sauver les élèves et faire en sorte qu’ils aient le brevet. Là où les choses se compliquent aussi, c’est que ce positionnement est aussi utilisé pour l’affectation des élèves en lycée.

Dans l’académie de Paris par exemple, un certain nombre de chefs d’établissements ont positionné leurs élèves en faisant une réflexion pédagogique, alors que d’autres chefs ont dit: "nous, on va positionner 'au maximum' de manière à être sûrs que nos élèves aient l’affectation qu’ils souhaitent".

Comme on est sur quelque chose qui se fait en fin d’année, c’est beaucoup plus facile qu’auparavant de tordre un peu le bâton et de donner une image des élèves qui n’est pas celle de l'année entière.

"Le contrôle terminal doit prévaloir sur le continu"

Nous souhaitons revenir à la prise en compte des disciplines en contrôle continu. Après, on veut bien discuter sur le pourcentage contrôle continu/épreuves finales, et sur le fait que certaines disciplines comme les mathématiques n’ont pas besoin d’être à la fois évaluées pendant l'année et en examen terminal.

Mais on préférerait que la proportion soit inversée, que le contrôle continu compte moins que le contrôle terminal. On a constaté ces dernières années que pour les maths et le français par exemple, les notes en contrôle continu ont parfois peu à voir avec le résultat à l’examen, qu'elles soient supérieures ou inférieures.

Si on veut que le brevet ait un tout petit peu de sens, il faut que ce soit le contrôle terminal qui ait la main sur l’obtention ou non du diplôme. Il doit prévaloir sur le contrôle continu, sinon le diplôme n’a plus de sens."

Propos recueillis par Liv Audigane