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"Quand il rentrait, il avait faim": des révélations accablantes sur certaines crèches privées

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Deux livres, publiés cette semaine, font état de mauvaises conditions d'accueil voire de maltraitance dans certaines crèches privées. Des livres qui font écho à un rapport de l'inspection générale des affaires sociales en avril dernier.

Après un rapport alarmant de l'inspection générale des affaires sociales en avril dernier, deux livres, publiés jeudi et vendredi, dénoncent les conditions d'accueil dans certaines crèches privées. Portions de repas rationnées, soins minutés, couches souillées, équipes réduites… Les révélations sont accablantes. En s'appuyant sur des centaines de témoignages, les auteurs évoquent des cas de maltraitance sur des enfants ou les mauvaises conditions de travail des employés de la petite enfance.

Selon Mathieu Périsse, journaliste, et auteur de "'Le prix du berceau': le scandale des crèches privées", cette situation existe à cause d'une dérive du privé.

“Depuis une vingtaine d'années que ce secteur s’est développé en France jusqu’à représenter un quart des places de crèches en France. Et avec lui s'est développé une conception de l’enfant que l’on met dans des tableaux Excel plutôt que celui dont on s’occupe", explique-t-il ce jeudi matin sur RMC.
Témoin RMC : Mathieu Périsse - 07/09
Témoin RMC : Mathieu Périsse - 07/09
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En début d’année, plusieurs parents d’une crèche privée de Vitrolles s’inquiètent du comportement de leur enfant. “J’avais déjà constaté depuis quelque temps que mon fils quand il rentrait de la crèche, il avait faim”, raconte Lisa.

Avec d’autres familles, ils demandent des comptes, d’abord à la directrice, puis à la direction du groupe.

“Il manquait entre trois et huit repas par jour selon les jours. Si nous ne nous étions pas aperçus de ça, ce serait toujours le cas. C’est très angoissant”, indique-t-elle.

Des professionnels dénoncent les conditions de travail

Des parents ont donc décidé de porter plainte. Dans ces groupes, beaucoup de salariés dénoncent également aujourd’hui leurs conditions de travail. Sous-effectif, manque de formation, course au chiffre… “Malgré nous, on a dû être maltraitant dans certains cas”, assume Marie, qui a été directrice d’une crèche privée lucrative en Haute-Garonne. Elle n’a tenu que six mois.

“Il y a même eu des situations qui auraient pu être dramatiques et dangereuses parce qu’il y avait tellement d’arrêts qu’on n’avait pas assez de professionnels diplômés. S’il y avait eu quoi que ce soit de grave, on n'aurait pas du tout été dans les clous”, assure-t-elle.

Représentante de ces groupes privés, la Fédération des entreprises de crèche ne souhaite pas commenter la parution des livres. Mais elle insiste: “Il ne faut pas sur des postures idéologiques, jeter l'opprobre sur tout un secteur du seul fait de son statut juridique. Les entreprises de crèche, c'est la même réglementation, la même tarification pour les familles que les crèches publiques ou associatives”, détaille Elsa Hervy, déléguée générale.

En France, les crèches privées représentent aujourd’hui 20% des places en accueil collectif.

Vincent Chevalier avec Guillaume Descours