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Démissionner de leur rôle de prof principal: le nouveau moyen de pression des profs

A Besançon, des voix s'élèvent pour dénoncer une mise en oeuvre "prématurée" de la réforme sur l'orientation au lycée. Mais pour lutter contre la mise en place de cette réforme à marche forcée, les professeurs ne font pas grève: ils changent de mode d'action.

Nouvelle journée de mobilisation nationale des professionnels de l'Education nationale ce jeudi. Il s'agit pour les syndicats de mobiliser un maximum d'enseignants et professeurs, pour rendre le mouvement visible et efficace, alors que qu'ils sont toujours plus nombreux à se lasser de faire grève sans résultats.

Certains ne peuvent pas se permettre de perdre une journée de salaire, d'autres ne croient plus en l’action syndicale. Pourtant les motifs d'inquiétude sont nombreux: fermetures de classes, de filières, questions sur le remaniement des effectifs, salaires…

Nouveau tronc commun, enseignement de spécialités à la place des filières, bac allégé et contrôle continu: les changements sont nombreux, mais leur mise en application reste encore floue, à huit mois de l'entrée en vigueur de la réforme du lycée.

"On n'a pas les outils nécessaires pour les conseiller correctement"

A Besançon, la contestation est forte. Des voix s'élèvent pour dénoncer une mise en oeuvre "prématurée". Mais pour lutter contre la mise en place de cette réforme à marche forcée, les professeurs ne font pas grève, ils changent de mode d'action.

Devant le rectorat, Lucie donne de la voix contre la réforme du lycée et du bac. Mais pour se faire entendre, cette professeure a trouvé un meilleur moyen que la grève. Comme 21 de ses collègues du lycée Victor Hugo, cela fait une semaine que Lucie a renoncé à son rôle de professeur principal en démissionnant.

"C'est lourd de sens car quand on est professeur principal en seconde, on accompagne les élèves en leur conseillant de prendre des enseignements de spécialité alors qu'on n'a pas les outils nécessaires pour les conseiller correctement. (...) Ce n’est pas un caprice, c’est nécessaire".

Une décision courageuse ?

Tous ont été reçus au rectorat, mais n'ont obtenu aucune avancée sur une réforme qu'ils estiment précipitée.

Une décision qui inquiète évidemment les parents d’élèves, mais que ces derniers comprennent. C'est le cas de Frédéric. Son fils est en seconde au lycée Victor Hugo, et n’a plus de professeur principal mais trouve de même leur démarche "courageuse".

Les 22 professeurs principaux restent démissionnaires jusqu'à nouvel ordre. Leur objectif : obtenir un moratoire, et le report de la réforme.

Anaïs Bouitcha (avec James Abbott)