Des élèves sourds et malentendants du Calvados privés de codeurs pour la rentrée

En classe, ces élèves peuvent lire sur les lèvres, ont parfois des appareils auditifs, mais ils ont quand même besoin d’aide pour différencier certains sons. C’est donc à ce moment qu’intervient un codeur. Cet interprète se tient face à la classe et, avec des gestes, illustre les syllabes prononcées par le professeur.
Les parents d'élèves furieux
Dans le Calvados, c’est une association, l’APEDAC qui accompagne 18 élèves sourds dans plusieurs établissements. Mais à la rentrée, l'Académie de Normandie a décidé de se passer de son service. La Région et le Département ont arrêté leurs subventions. Les enfants vont donc se retrouver sans leur codeur. Muriel, la maman d’Ewan, est furieuse.
“Il a peur de pas suivre les cours. Il est en Première, donc il y a quand même le Bac de français. S’il n’y a plus de codeur, il va être complétement démoralisé à la rentrée et ça peut éventuellement le mettre en échec”, explique-t-elle.
Avant de poursuivre: “Le fait de plus avoir de codeur ça peut lui enlever des chances de bien suivre les cours comme les autres enfants. Ce n'est pas normal de pas donner les mêmes chances à chaque enfant”. Si Muriel et son fils n’ont reçu aucune aide, l’Académie de Normandie a proposé un AESH à d’autres parents d'élèves.
Les parents devront payer pour avoir un interprète
Un AESH, c’est un accompagnant d’élève en situation de handicap, et cela coûte moins cher qu’un codeur… Par ailleurs, le Rectorat prévoit de leur apprendre le codage en seulement 20 heures de formation. Pour Agnès Valette, présidente de l’association l’APEDAC, cette “aide” est largement insuffisante.
“Ils ne savent pas ce que c’est que de coder pour des enfants. Ils sont incapables d’aller avec des collégiens ou des lycéens, et les primaires, ça sera très difficile”, conclut-elle.
Mais c’est surtout impossible, selon les textes de loi: un AESH ne peut pas être codeur. L’Académie, elle, assure que les 20h de formation des AESH seront complétées par des modules au cours de l’année. Ces accompagnants n’auront pas le rôle de codeur, mais ils pourront reformuler ou prendre en note des consignes données à l’oral par les professeurs.
Et selon l’Académie, si l’enfant souhaite un interprète, ce sera aux parents de le payer, grâce notamment à l’allocation enfant handicapé… Une réponse évidement insatisfaisante pour l’association et les familles, qui ont pris un avocat. Dans un courrier envoyé au début de l’été, elles demandent à l’Académie de Normandie de redonner des - vrais - codeurs aux enfants.
Le rectorat a jusqu’au 3 septembre pour leur écrire. Autrement, l’association et les parents attaqueront devant le tribunal administratif.