Émeutes: deux mois après, un buraliste pillé attend toujours son indemnisation

Dans la nuit du 29 au 30 juin, la vie d'Ouhamed bascule. Pendant les émeutes consécutives à la mort de Nahel, sa brasserie bar-tabac est pillée. Quand il arrive sur place, au petit matin, il découvre le rideau de fer de sa boutique éventréé, la porte fracturée. A l’intérieur, les cigarettes, les tickets à gratter et la caisse ont disparu. Entre les dégâts et les vols, Ouahmed estime le préjudice à 100.000 euros.
Deux mois après, tout est réparé. Mais le quotidien n’est toujours pas revenu à la normale. Ouahmed tourne avec un tiers de son stock habituel: "On n'est pas en capacité financière d'aller chercher de grosses quantités, donc à chaque fois je me réapprovisionne en petites quantités."
"On n'a pas la trésorerie pour faire face à la fois aux charges fixe et en même temps s'approvisionner correctement" explique-t-il.
Ouahmed a dû prendre un crédit de 30.000 euros pour pouvoir avancer les frais de réparations et trouver de quoi racheter, un peu, de stock L’expert de son assurance est passé constater les dégâts mais le buraliste attend toujours sa réponse, deux mois après. S'il a contacté "RMC s'engage avec vous", c'est parce qu'il il n’a pas d’espoir:
"Au vu des plafonds de mon contrat, je sais qu'il y a 30.000 euros qui ne vont pas être couverts. C'est un coup de massue car on ne sait pas ce qu'on va faire, je n'ai pas les moyens de les combler, mis à part les prendre dans des deniers personnels ou prendre un crédit bancaire: il n'y a pas d'autre solution qui s'offre à nous."
Une double peine "injuste"
Durant l’été, le gouvernement a, certes, présenté une aide de 10.000 euros pour les buralistes. En voyant cette annonce du ministère des Comptes Publics, Ouahmed était ravi. Il a ensuite lu les conditions d'attribution de cette aide et a très vite déchanté.
Pour bénéficier de cette indemnité, il faut avoir fermé au moins trois jours, sauf que, justement, Ouahmed a tout fait pour rouvrir le plus vite possible, dès le lendemain du pillage, quitte à payer plus cher pour des réparations d’urgence. Pour lui, c’est la double peine:
"Ça ne veut pas forcément dire qu'on travaille de façon optimale quand on reste ouvert. Il y a eu des jours je n'avais quasiment plus de cigarettes, où on vendait très peu, où ne faisait pas nos chiffres. C'était un principe de rester ouvert même dans la difficulté. Je trouve ça injuste d'être pénalisé pour cela."
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D'autres aides pour aider le buraliste bloquées par la réponse de l'assurance?
L'équipe de "RMC s'engage avec vous" a appelé le ministère des Comptes Publics qui explique que, pour l’instant, rien d’autre n'est prévu spécifiquement pour les buralistes. Cependant, Ouahmed peut toujours bénéficier des mesures mises en place pour tous les commerçants comme l'étalement des charges sociales, explique le ministère.
Ouahmed peut également compter sur la Région Île-de-France qui a mis en place une aide pouvant aller jusqu'à 10.000 euros pour les professionnels victimes des émeutes, afin de permettre de couvrir en partie le reste à charge après le passage des assurances.
Avant de pouvoir demande cette aide, Ouahmed doit d'abord attendre le retour de son assureur. Il espère un geste au vu des circonstances exceptionnelles. La réponse devrait tomber dans les prochains jours. "RMC s'engage avec vous" va évidemment l’accompagner et s’assurer qu’il est le mieux indemnisé possible.
RMC s’engage avec vous
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