Des gilets GPS sur les élèves pour analyser la cour de récré: "Les garçons prennent toute la place"

Suivis à la trace. À Strasbourg, certains élèves d'écoles primaires sont équipés de GPS. Sous leur manteau, ils portent un gilet connecté à l'occasion des récréations. L'objectif, comprendre leurs déplacements et l'espace qu'ils utilisent dans la cour de récréation en les géolocalisant, pendant cette pause.
La mairie écologiste de la ville entend ainsi aménager en conséquence les espaces dédiés des écoles pour les rendre plus égalitaires. Car pour l'instant, 20% des garçons utilisent 80% de la cour de récré. Et la municipalité veut inverser la donne.
Des espaces déjà partagés?
Père de plusieurs enfants, garçons et filles, Olivier Truchot a constaté cette inégale occupation: "Mes filles se sont toujours plaintes de ne pas pouvoir bénéficier de la cour de récréation parce que les garçons jouent au foot et prennent toute la place. Et elles sont contre le mur ou sous le préau", explique-t-il dans Les Grandes Gueules ce lundi sur RMC et RMC Story.
"C'est une connerie complète", peste Bertrand, enseignant remplaçant. "Dans les écoles où j'enseigne, les zones de jeux sont délimitées. Les jeux de ballons sont dans un coin de la cour, et la marelle, les billes et les jeux libres dans un autre. Et très souvent, la cour est assez grande", explique-t-il, alors que les récréations sont différenciées dans les écoles, avec des horaires différents selon les âges.
Pour lui, coller des puces GPS aux enfants sert aux enseignants qui voudraient s'affranchir de la surveillance des écoliers. "C'est pour qu'il s'en lavent les mains, qu'ils puissent dire 'je ne sais pas où était l'enfant, on va vérifier'", raconte Bertrand, qui assure que garçons et enfants sont mélangés dans la cour de récré.
"Une société égalitaire de gens fragiles sans ambition"
L'initiative strasbourgeoise ne convainc pas non plus Didier Giraud, l'éleveur de bovins des Grandes Gueules, qui a une solution: "La solution, c'est la IIIe République, des écoles de filles et des écoles de garçons", ironise-t-il. "Si on veut de la mixité, on laisse agir la mixité!", insiste-t-il.
"On va vers une société de moutons qui vont prôner l'égalitarisme où tout le monde est moyen, est mou, et ça va chambouler la société. La cour de récréation, c'est le premier endroit où il y a de l'ascenseur social à coups d'épaule", ajoute Didier Giraud.
"Ils veulent une société égalitaire de gens fragiles sans ambition parce que l'ambition, c'est très mal vu aujourd'hui", tacle l'avocat Charles Consigny. "Il faut que ce soit réglementé par du personnel administratif", déplore-t-il.
"La méthode est discutable mais la volonté, c'est que les filles prennent leur place et on peut comprendre", analyse Joëlle Dago-Serry. "Ce que je reproche, c'est qu'on demande aux garçons de ne pas être ce qu'ils sont pour que les filles puissent prendre leur place, alors qu'il suffit de les éduquer pour qu'elles le fassent", ajoute-t-elle, estimant qu'on nivelle par le bas.
Après les premiers enseignements, des aménagements ont déjà été effectués dans les écoles strasbourgeoises. Des espaces végétalisés, des jardins partagés et des potagers pédagogiques ont été installés dans certaines écoles.