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Éducation

Des profs poursuivis pour vol de tableaux noirs, ils voulaient "protéger un symbole de la République"

Un tableau noir dans une classe de Quimper.

Un tableau noir dans une classe de Quimper. - AFP

Dans un collège de Gaillac, six professeurs sont poursuivis pour vol. Ils assurent avoir voulu protéger des tableaux noirs qui devaient finir à la déchetterie. Devant la menace de sanction, un comité de soutien s'est formé et a déjà reçu presque 8000 signatures sur sa pétition.

Pascal Pragnère est membre du comité de soutien aux six professeurs incriminés dans l'affaire des tableaux noirs.

"Les accuser de vol, c'est ridicule. Leur démarche a été argumentée et expliquée depuis le début. C'est un collège qui est composé de plusieurs étages. A l'été 2016, le 2e étage a été rénové. Ils ont vu disparaître du mobilier et des tableaux noirs, partis à la déchetterie. En anticipant sur la 2e tranche de travaux prévue cet été, ils se sont adressés à la direction de l'établissement et au conseil départemental en leur disant 'nous souhaitons préserver les tableaux noirs'. Ils n'ont pas eu de réponse.

"Les gendarmes eux-mêmes avaient du mal à croire ce qu'ils voyaient"

Ils veulent conserver leur outil de travail, qui est un outil pédagogique, pour des raisons pratiques liées à certaines matières comme l'histoire-géo ou les maths. Pour eux, c'est aussi un symbole de la République. Il y a aussi des raisons écologiques. Les craies ne contiennent pas de solvant, c'est beaucoup plus propre que les feutres qui sont faits maintenant. Enfin il y a un argument financier. Pourquoi supprimer un outil pédagogique qui remplit parfaitement sa fonction par un autre outil qui serait un tableau blanc avec des feutres alors qu'il n'y a en a pas forcément besoin?

Le 28 juin, ils sont donc venus démonter les tableaux pour les mettre en lieux sûr. Jusqu'au moment où ils ont vu arriver les gendarmes avertis pour vol, toutes sirènes hurlantes, avec les gilets par balles. Les gendarmes eux-mêmes avaient du mal à croire ce qu'ils voyaient. Mais la plainte a finalement été prise au sérieux par la gendarmerie. Les enseignants ont été convoqués pendant l'été. Ils ont même été perquisitionnés.

"Ils ne pensaient pas enfreindre la loi en protégeant du matériel pédagogique"

C'est traumatisant quand on n'a rien d'autre à se reprocher que d'avoir voulu protéger son outil de travail. En plus, ces poursuites pénales se doublent de poursuites administratives. Il y a une procédure disciplinaire engagée à l'encontre de ces six enseignants. On ne sait pas à quelles conclusions les gendarmes vont arriver et si le procureur va donner suite aux poursuites. Ce serait un peu cavalier qu'ils soient poursuivis pour vol. Ils ne pensaient pas enfreindre la loi en protégeant du matériel pédagogique.

C'est extrêmement compliqué pour eux dans l'établissement. Les relations avec la hiérarchie sont tendues. Avec les collègues aussi. Parce que ce n'est pas très évident de porter le poids de cette menace de sanction. On espère que ça va vite se régler et que le ministre de l'Education va intervenir. Il a effectué son discours de rentrée devant un tableau noir. Pour lui comme pour les enseignants, c'est un symbole très fort".

Aurélia Manoli (avec A.M.)