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Education: peut-on encore éduquer nos enfants sans les punir?

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Quelques jours avant la rentrée, la question de l'éducation se pose alors que de nombreux parents adoptent de nouvelles méthodes d'éducation, comme la méthode Kazdin, avec une question en point d'orgue : éduquer sans punir, est-ce réellement possible?

Retour à l'école ce lundi pour 12 millions d'élèves de métropole après deux mois de vacances! Ce weekend forcément, il faut remettre ses enfants dans le rythme, les faire manger à heures fixes, se coucher plus tôt, sans oublier de se brosser les dents avant... Tous ces moments de vie quotidienne peuvent être source de conflits entre les parents et les enfants. Quand il s'agit de répéter encore et encore les mêmes injonctions, 87% des parents se disent stressés à l'approche de la rentrée scolaire, selon une étude Kantar.

Des parents qui passent leur temps à être partagés entre l'écoute, la bienveillance, et la sanction, mais surtout qui font preuve de l'envie d'agir de la meilleure façon possible. Pour 92% des Français, il n'y a d'ailleurs pas plus grand succès dans la vie que d'être un bon parent, selon les résultats d'une étude Ipsos datant de 2019.

Et pour un peu plus d'un parent sur deux (52%), être un bon parent signifie imposer un cadre, des limites, une autorité. A l'inverse, 48% pensent qu'il s'agit de donner plus d'autonomie à l'enfant, soit d'accorder une place centrale à ses souhaits, ses désirs.

C'est ce qu'on appelle l'éducation positive ou bienveillante, un mode d'éducation très en vogue ces dernières années. Un courant qui a des dérives pour de nombreux spécialistes, de nombreux parents et profs, confrontés à des enfants tout puissants qui n'en font qu'à leur tête.

La sanction seulement "en derniers recours"

En ce sens, certains réaffirment d'ailleurs l'importance de fixer des limites, comme par exemple "le time out" : une pratique qui consiste à isoler l'enfant dans sa chambre quelques minutes parce qu'il a fait une bêtise.

Cette pratique est défendue et soutenue par la psychologue Caroline Goldman, qui a créé la polémique ces derniers mois. Mais sans aller jusqu'à la sanction une autre méthode, la méthode Kazdin, fait de plus en plus d'adeptes.

Pour la première fois, cette méthode a été traduite et publiée cette semaine en France. En quoi consiste-t-elle? Elle représente en réalité un mélange entre l'éducation positive et la sanction... En clair, de l'écoute, de l'accompagnement et des limites fixées, avec mesure et parcimonie.

Invitée de la Matinale Weekend sur RMC, Marie Chetrit, docteure en sciences et autrice du livre L'éducation positive : une question d'équilibre, explique que cette méthode Kazdin "est positive dans le sens où elle vise à encourager l'enfant et à le féliciter en première attention au lieu de le sanctionner, la sanction arrivant en derniers recours".

"Un enfant a toujours besoin d'un cadre et de règles car ça va lui permettre de se structurer et ensuite d'interagir de manière harmonieuse avec ses pairs", rappelle-t-elle. Néanmoins, "le point crucial" de la méthode Kazdin consiste à "identifier le comportement que l'on veut amener l'enfant à adopter ". Viennent ensuite de multiples méthodes afin d'apprendre les bons comportements, de manière ludique, aux enfants.

Du côté des punitions, Marie Chetrit explique que la sanction, "qui arrive en dernier recours, est extrêmement modérée comme un time-out (...), ou bien on va l'ignorer brièvement pour lu ifaire comprendre que l'on est pas content de son comportement, mais dans tous les cas la sanction n'est jamais l'outil de première intention".

Toutefois, ce n'est surtout pas une éducation avec de la violence, avec évidemment pas de fessées... D'ailleurs on l'oublie peut-être mais la fessée est interdite par la loi depuis 2019, date à laquelle la France est devenue le 56ème pays à l'interdire. En France, la pratique est en baisse... mais elle reste utilisée par près de 25% des parents, selon une enquête Ifop. 10% des parents interrogés sont d'ailleurs convaincus que la violence est incontournable dans l'éducation.

Enfin, la question était posée aux auditeurs de RMC sur les réseaux sociaux afin de savoir s'il était, selon eux, possible de donner une bonne éducation à ses enfants tout en étant dans une approche excluant la sanction punitive.

La donne est plutôt claire du côté des auditeurs, puisque 79% d'entre eux estiment qu'il n'est pas possible de bien éduquer sans punir un minimum.

Margaux Bourdin, avec Alexis Lalemant