RMC

Enfants de 2 ans surexposés aux écrans: "Ca a détruit la famille d'une certaine façon"

Une enquête de l'Ined et l'Inserm montre que la relation entre les parents et les jeunes enfants souffre de l'exposition aux écrans, et que cela nuit au développement intellectuel de l'enfant.

Une solution de facilité qui peut s'avérer dangereuse pour l'enfant. Près de deux tiers des enfants de 2 ans (68%) regardent quotidiennement ou presque la télévision ou un écran. C'est ce que révèle une étude de l'Institut national d'études démographiques (Ined) et de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). 

L'enquête dénonce une baisse d'interactivité entre les parents et les enfants. Avec une exposition des écrans précoce, les risques sont multiples pour le développement physique, psychique, intellectuel et affectif des jeunes.

"Nous, adultes, nous regardons notre smartphone 220 fois par jour soit toutes les quatre minutes"

Par exemple, un enfant sur trois (33%) de 2 ans ne joue jamais ou seulement occasionnellement à la balle. De nombreuses associations luttent contre l'exposition précoce et militent pour plus de messages d'avertissements sur les outils numériques destinés aux enfants.

Sabine Duflo, psychologue-clinicienne dans un centre médico-psychologique, était l'invitée de Bourdin direct ce vendredi matin pour évoquer cette étude et expliquer en détails pourquoi un abus de l'exposition aux écran est nocif pour les jeunes enfants.

"L’écran s’installe dans les familles car c’est un objet puissamment addictif. Nous, adultes, nous regardons notre smartphone 220 fois par jour soit toutes les quatre minutes sur une journée de 16 heures de temps d’éveil. On ne peut pas faire autrement que de le regarder quand il est dans notre champ de vision."

"La relation parent-enfant, le déterminant majeur pour un développement des futures capacités sociales de l’enfant"

La relation parentale est pourtant cruciale pour le développement des enfants, une période qui va façonner leur capacité à se sociabiliser dans le futur.

"Les implications pour l’enfant sont gravissimes car elles suppriment le temps d’interaction parent-enfant qui est déterminant pour un bon développement relationnel et aussi cognitif de l’enfant. Il est gêné mais peut-être dans les cas les plus graves empêché. Or la relation parent-enfant, c’est le déterminant majeur pour un développement des futures capacités sociales de l’enfant et du développement mental intellectuel."

Alors qu'enfants et adultes sont naturellement attirés par tout ce qui brille et qui est en mouvement, il est ainsi difficile de priver les enfants de cela.

"Si le bébé est très stimulé par les écrans il sera moins attentif, moins capable de développer une attention ou une concentration sur quelque chose qui bouge moins, comme les objets qui l'entourent mais aussi le regard d'un parent qui s'adresse à lui."

"Ce qu'il faut retenir c'est que les parents ne sortent plus avec les enfants"

Quelles solutions donc pour éviter cela ? Plus de temps en famille, plus de jeux avec frères et soeurs ? Sabine Duflo livre un constat pessimiste de la situation actuelle.

"Les frères et soeurs sont aussi sur leurs écrans donc ça a détruit la famille d'une certaine façon. Une famille se définit par des activités partagés, des discussions, quand chacun est devant son écran cette notion même de famille n'existe plus. La solution ? Déjà informer les familles que cet objet va empêcher un bon développement de l'enfant. Et agir sur les constructeurs pour éviter des jouets à écran dès le plus jeune âge et faire des programmes de meilleure qualité pour les enfants. Globalement ce qu'il faut retenir c'est que les parents ne sortent plus avec les enfants."
J.A. avec Bourdin direct