"Est-ce que tu crois en: Allah, Dieu, Yahvé"? Le questionnaire polémique bloqué par le rectorat de Corse
Des questions sur la religion, la langue parlée à la maison, les habitudes alimentaires... un questionnaire qui devait être diffusé dans les écoles aux enfants à partir de 8 ans fait polémique en Corse. Elaboré par des enseignants-chercheurs de l'Université de Corse, ce questionnaire a été commandé par le président indépendantiste de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, dans le cadre d'une étude sur la diversité de la population de l'île.
Des élus, des syndicats d'enseignants (FSU et SNUipp) et des professionnels de l'éducation s'élèvent contre le caractère "intrusif" et "tendancieux" de tels questionnaires. "Quand on regarde de près les 70 questions posées, on entre très rapidement dans des différences cultuelles", dénonce Fabien Mineo, instituteur en Corse et membre du SNUipp.
En effet, on y trouve des questions telles que: "Est-ce que tu crois en: Allah, Dieu, Yahvé", "Dans la vie de tous les jours, est-ce que tu portes une croix, une kippa, une médaille, un voile ?", "Manges-tu du porc?".
"Manges-tu du porc"
D'autres questions portent sur les langues parlées par les élèves et leur famille, ou sur les voyages effectués à l'étranger, mais aussi sur le sentiment d'appartenance à la Corse, à la France ou le sentiment de sécurité et l'intégration…
"Ce sont des questions clairement orientées au niveau des aspirations cultuelles et religieuses et qui, par rapport à la loi de 1905, n'ont pas lieu d'être, rappelle le syndicaliste. C'est interdit par la loi: la séparation de l'église et de l'Etat le rappelle très clairement".
Ce week-end le rectorat a tranché, en bloquant cette enquête qui ne sera pas diffusée en Corse dans les établissements de l’Education nationale. "J'ai demandé à surseoir la passation du questionnaire, explique le recteur Philippe Lacombe. Le contenu m'interroge, et la loi de janvier 1978 de la Cnil (Commission nationale informatique et liberté) interdit de questionner les citoyens sur leurs orientations sexuelles, leurs pensées religieuses et politiques. Sur le fond et sur la forme j'ai décidé de bloquer toute diffusion du questionnaire".