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Éducation

"Ils payent les pots cassés": deux directeurs d'écoles mis en examen après la mort de la petite Lisa

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Dans l'Eure, deux directeurs d'écoles viennent d'être mis en examen après la mort de Lisa (3 ans). Ces deux établissements n'avaient pas fait de signalement alors que la petite fille et son grand frère étaient victimes de maltraitance.

Quatre mois après la mort de Lisa, 3 ans, sous les coups de ses parents, à Conches-en-Ouche (Eure), la directrice de l'école maternelle de la petite fille et le directeur de l'école primaire où était scolarisé son grand frère de 6 ans ont été mis en examen ce lundi pour non-dénonciation de mauvais traitements.

Ils n'avaient pas fait de signalement face aux violences subies, régulièrement depuis des mois, par les deux enfants, chez leur mère et leur beau-père, tous deux sont actuellement en détention provisoire.

La directrice avait été suspendue juste après les faits, mais pas le directeur de l'école du frère de Lisa, pourtant lui aussi victime de maltraitance.

Devant le portail de l'école primaire de Conches-en-Ouche, Audrey attend son fils de 10 ans. Depuis le mois dernier, le directeur est suspendu. Et pour cette maman, c'est normal, il n'avait plus sa place à l'école.

“L’enfant était scolarisé ici, il y a piscine, donc les bleus de l’enfant ont dû être vus, c’est obligatoire. Il y a des enfants et il ne bouge pas. Ce directeur ne gérait rien du tout”, appuie-t-elle.

Les syndicats outrés par les mises en examen

En garde à vue, le directeur de l'école primaire a contesté sa responsabilité. La directrice de l'école maternelle, quant à elle, a assuré qu'elle s'apprêtait à signaler la situation de Lisa, mais qu'elle n'en a pas eu le temps.

Pour Adeline, maman célibataire, signalement ou pas, la responsabilité incombe d'abord aux parents. “Des coupables, il n’y en a que deux et ce ne sont certainement pas les directeurs des écoles. Ils payent totalement les pots cassés donc c’est scandaleux”, assure-t-elle.

C'est exactement que dénoncent les syndicats du secteur, outrés par ces mises en examen. Ils craignent des conséquences sur la profession, explique Laurent Beaussier, secrétaire Force ouvrière enseignement de l'Eure.

“On est responsable de tout. Qu’est-ce qu’il faut qu’on fasse? Il faut qu’on fasse des informations préoccupantes à tour de bras dès qu’il y a la moindre alerte. Mais dans ce cas, ça veut dire qu’on va engorger le système et ça veut dire qu’il va y avoir encore moins de possibilités de traiter les dossiers”, décrit-il.

Pour lui, le cœur du problème est institutionnel. Sans infirmière ou psychologue pour les épauler, les directeurs sont démunis et n'ont pas les moyens de faire leur travail.

Lucile Pascanet avec Guillaume Descours