"On m'appelle tête d’œuf": insultes et humiliations, 3 collégiens sur 10 victimes de cyberviolence

Près de trois collégiens sur dix sont victimes de cyberviolence à l'école, et près d'un lycéen sur quatre, dans un contexte de hausse des violences en ligne qui touchent particulièrement les mineurs, et surtout les filles, dévoile l'Insee mardi.
"Au cours de l'année scolaire 2022-2023, 23% des lycéens ont subi au moins une fois une forme de cyberviolence en lien avec le cadre scolaire" et 28% des lycéens pendant l'année 2021-2022, indique l'enquête de l'Institut national de la statistique sur les cyberviolences dans les établissements scolaires et la société.
Cette violence en ligne dans les établissements du secondaire, qui se passe souvent sur les réseaux sociaux, "prend très souvent la forme d'une insulte, d'une moquerie, d'un surnom désagréable ou d'une humiliation, pour 21% des collégiens et 15% des lycéens", détaille cette enquête.
"Les cyberviolences s'inscrivent dans un contexte global de violence: 66 % des collégiens et 51% des lycéens sont victimes d'atteintes verbales (un surnom, une insulte, une humiliation ou une moquerie) en ligne ou hors ligne", précise l'enquête, menée auprès de responsables ou d'élèves au sein des établissements.
Les jeunes filles particulièrement impactées
Gaëtan, lui, a déjà été la victime de surnoms moqueurs donnés par d'autres collégiens plus âgés sur les réseaux sociaux: “On m’a appelé tête d’œuf, je leur ai dit que ça me blessait et ils ont arrêté.” Mais le jeune garçon de 11 ans n'a pas seulement été victime. Les yeux rivés au sol, il avoue: “j'ai moi-même déjà fait cette erreur, j’ai insulté une fille et ça l’a fait pleurer. Je lui ai présenté mes excuses et elle m’a pardonné.”
Cette cyberviolence touche principalement les jeunes filles. "31% des collégiennes et 25% des lycéennes déclarent au moins une forme de cyberviolence, contre 26% des collégiens et 20% des lycéens", relève l'Insee.
Les filles sont notamment beaucoup plus souvent visées par "la diffusion de rumeurs, de commentaires, de photographies ou de films humiliants par internet", précise l'enquête. Anaëlle, 14 ans, raconte le calvaire subi par une ancienne camarade de classe:
“J'ai déjà vu des commentaires qui se moquent du physique de cette fille en disant ‘la grosse, ‘la baleine’. Je pense qu’elle devait mal le vivre.”
Des attaques sur le physique qui passent aussi par des photos humiliantes échangées sur les réseaux sociaux: “Une de mes copines a subi ça. Tout le monde envoyait sa tête en photo sur des groupes. On leur disait d’arrêter, mais ils s’en fichaient.”
3018
Le nombre de victimes de cyberviolences dans la population générale a fortement augmenté ces dernières années, mais les mineurs sont "particulièrement exposés", relève l'Insee.
Plus généralement, la cyberviolence touchait 3,2% de la population majeure en 2022, et pour les adultes aussi, les femmes sont davantage victimes de cyberviolence, d'après l'Insee. Face au cyberharcèlement, le 3018, ligne d'écoute téléphonique gratuite et anonyme, est ouvert de 9h à 23h.