"Je dors en classe": un lycéen sur cinq travaille après les cours, parfois au détriment de l'école

Ils n'ont pas encore passé leur bac mais ont déjà un boulot en plus des cours au lycée. À 16 ans, Loïs travaille 12h par semaine dans un fast-food, un moyen de se faire de l'argent de poche, mais aussi d’aider sa mère et sa famille: "On a des dépenses et je voulais travailler pour soulager ma mère: au cinéma par exemple ou quand ma petite sœur veut faire des sorties. C'est pour aider mes parents parce qu'ils paient beaucoup de choses", assure ce lycéen de Bordeaux au micro de RMC.
Dans sa classe ils sont trois à avoir un travail à côté des cours, et cela a parfois ses limites: "C'est vrai que je dors pas mal en cours", reconnaît Ilies, qui travaille pour payer sa voiture et son permis de conduire.
"C'est plus de fatigue, plus de stress, je n'ai pas une bonne moyenne et si je veux me concentrer et réussir mon bac, je vais devoir arrêter", concède-t-il.
Le CNRS vient de lancer ce lundi une nouvelle étude dans 630 lycées et sur 110.000 élèves pour quantifier le phénomène de ces lycéens travailleurs.
Réseaux sociaux, fast food, livraison...
"On trouve tous types de boulots, majoritairement sans contrat de travail, il y a des jeunes qui gagnent de l'argent sur Tiktok ou sur Youtube, il y a aussi la livraison, le jardinage ou la restauration rapide", explique ce mardi sur RMC Story Thierry Berthe, directeur de rechercher au CNRS qui estime qu'au moins 20%-25% des lycéens travailleraient encore en plus de leurs cours. Les dernières données datant de 2015 faisaient état de 20% de lycéens-travailleurs.
Certains professeurs constatent une augmentation du nombre de ces lycéens qui travaillent à côté des cours: "C'est agaçant, ça nous met en colère parce que certains élèves voient leur avenir grignoté par cette activité professionnelle", déplore Sophie Vénétitay secrétaire général du syndicat enseignant SNES-FSU. La syndicaliste espère que cette enquête permettra de quantifier le phénomène et d’ouvrir le débat pour essayer de le limiter.
Un mineur ne peut travailler que si l'employeur obtient l'accord des parents. Un jeune de 14 à 16 ans ne peut travailler que pendant ses vacances scolaires pour une durée maximale de 35h par semaine et 7h par jour, avec un repos quotidien consécutif de 14h.
Un phénomène qui touche aussi les collégiens
"Chez des familles très défavorisées, des mineurs isolés, ça va être presque une obligation de travailler", note Thierry Berthe. Mais nombre de lycéens travailleurs utilisent cette activité professionnelle pour mettre de l'argent de côté, pour leurs études, un scooter, une voiture ou le permis de conduire.
Malgré cette activité professionnelle, les lycéens travailleurs ne seraient pas pénalisés une fois devant leur copie de bac: "On n'a pas moins de chance d'avoir son bac, les jeunes ont plutôt tendance à travailler en seconde, première et relâcher en terminale avec le bac", explique-t-il alors que même certains collégiens travaillent, dès la 4e. Les résultats de l'enquête sont attendus un peu avant l'été.