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Justice des mineurs: "Briser ce sentiment d'impunité", prône la ministre Sarah El Haïry

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La ministre déléguée chargée de l'Enfance, de la Jeunesse et des Familles Sarah El Haïry a défendu ce samedi sur RMC les annonces de Gabriel Attal, la veille, sur la justice des mineurs. "Le pilier de la prévention, c'est la certitude de la sanction", a-t-elle affirmé, expliquant vouloir "briser le sentiment d'impunité du "parce qu'on jeune, il ne se passe rien"".

Gabriel Attal avait promis le 18 avril un "sursaut d'autorité" face à la violence chez les mineurs et la "contre-attaque de la République". Le Premier ministre avait notamment évoqué l'idée que les jeunes, dès 16 ans, puissent faire l'objet d'une comparution immédiate. Ce dernier a réitiré son souhait, vendredi, avec le vote d'une loi "avant la fin de l'année".

L'entretien RMC : Sarah El Haïry - 25/05
L'entretien RMC : Sarah El Haïry - 25/05
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Une mesure décriée par les magistrats mais défendue ce samedi sur RMC dans la Matinale Week-end par Sarah El Haïry, ministre déléguée chargée de l'Enfance, de la Jeunesse et des Familles. "Quand l'un passe en comparution immédiate mais pas l'autre car il a 17 ans et demi, c'est incompréhensible", a-t-elle expliqué. "Quand un jeune commet un délit ou un crime, il faut des années pour que la sanction tombe. Il faut briser ce sentiment d'impunité parce qu'on est jeune", a-t-elle martelé.

"C'est complètement déconnecté de la réalité, il fait le choix de cantonner la justice des enfants à une mission punitive", regrette Nouredine Nefra, éducateur à la protection judiciare de la jeunesse

Nouredine Nefra, éducateur à la protection judiciare de la jeunesse rattaché à un foyer dans le Rhône, a dénoncé ce samedi sur RMC les annonces du gouvernement en la matière. "C'est complètement déconnecté de la réalité, il fait le choix de cantonner la justice des enfants à une mission punitive", a regretté celui qui est aussi secrétaire national du syndicat SNPES-PJJ/FSU.

Avec son syndicat, ils dénoncent par ailleurs que la comparution immédiate dès 16 ans serait une atteinte à la Convention des droits de l'enfant. "On ne peut pas mettre une justice équivalente pour les mineurs et majeurs", estime Nouredine Nefra. Un argument balayé par Sarah El Haïry qui assure qu'il s'agit d'une "mesure de composition" et que le mineur "restera sous une procédure particulière".

Le témoin RMC : Noureddine Nefra - 25/05
Le témoin RMC : Noureddine Nefra - 25/05
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Le Premier ministre a aussi évoqué la possibilité de placer les jeunes délinquants pour de "très courts séjours", en foyer. Objectif: "couper le jeune de ses mauvaises fréquentations" et permettre "aux services d’évaluer la situation".

"Sanction - prévention, les deux à la fois", prône El Haïry

"Il faut un électrochoc [...] c'est pour briser le tobogand de la délinquance. On préfère que le jeune sorte de son environnement dès le premier délit pour qu'il n'embarque pas le petit frère", a abondé Sarah El Haïry. Une mesure non-efficace selon Nouredine Nefra. "Pour le sortir de ses mauvaises fréquentations, on le sort de son lien avec la famille, de son lien scolaire, professionnel, c'est assez compliqué", a-t-il jugé.

D'autant que ce dernier rappele que les foyers "sont saturés" depuis longtemps. "Le gouvernement a fait le choix de construire des centres fermés, des prisons, plutôt que des foyers", a-t-il fustigé évoquant par ailleurs un manque criant de moyens.

Les violences entre mineurs "ne sont pas nouvelles", assure un éducateur

L'éducateur a par ailleurs analysé les mesures du gouvernement comme un "effet d'annonces". Selon lui, les violences entre mineurs, qui ont pu être exacerbées ces derniers temps avec la mort de Shemseddine à Viry-Châtillon ou celle de Mathis à Châteauroux, "ne sont pas nouvelles". "Cela a été hypermédiatisé et communiqué. La situation est dramatique mais le gouvernement fait le choix de cibler et d'appuyer principalement dessus".

Nouredine Nefra milite pour davantage de moyens "sur la prévention". "On évite pas la récidive en faisant goûter à uin jeune deux semaines de son rupture dans un foyer", a-t-il rappelé. "Ca devient de pire en pire, tous les acteurs vous le diront. Ce n'est pas constructif".

Léo Manson