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Mineurs délinquants: le témoignage fort de Mohammed, placé à 13 ans, qui appelle à "aider les parents"

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Alors que le gouvernement veut sévir contre les parents des mineurs délinquants, Mohammed, qui a grandi en famille d'accueil, estime qu'il faut aider les parents mais aussi privilégier le dialogue avec les acteurs sociaux de proximité. Le rôle des parents et l'éducation n'est pas à minorer ajoute ce père de 4 enfants.

Agression de Samara à Montpellier, assassinat de Shemseddine à Viry-Chatillon, mort de Zakaria à Romans-sur-Isère. Les affaires de violences impliquant des mineurs se multiplient, allongeant la triste chronique des faits divers.

Le gouvernement planche sur un renforcement des sanctions contre les mineurs délinquants, et entend aussi mettre la pression sur les parents. "Tenez vos gosses", avait déjà prévenu le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti pendant les émeutes urbaines de l'été dernier.

Des parents plus lourdement sanctionnés?

Aujourd'hui dans le texte qu'il peaufine, le garde des Sceaux entend durcir les sanctions contre les pères et mères qui se soustrairaient à leurs obligations. En clair, si leur enfant commet plusieurs crimes ou délits ces parents risqueraient 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende contre 2 ans et 30.000 euros jusqu'à présent. À cela pourront s'ajouter, toujours pour les parents, des travaux d'intérêt général. Leur absence aux audiences judiciaires sera aussi sanctionnée.

A vous de nous dire : Jeunes délinquants, l'Etat doit-il blâmer les parents ? - 16/04
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Le gouvernement envisage par ailleurs dans le cadre de leur contrôle judiciaire, d'accueillir des mineurs délinquants la nuit dans des établissements dédiés. Enfin, le placement en internat comme le disait le Premier ministre Gabriel Attal cet hiver "de jeunes sur la mauvaise pente" est toujours sur la table.

Des internats regroupant les mineurs délinquants, c'est une mauvaise idée pour Mohammed, 42 ans, lui-même placé à l'âge de 13 ans:

"Le foyer ça n'aide personne. Les enfants sont perdus et se retrouvent au milieu de 80 autres enfants perdus", assure-t-il sur RMC et RMC Story .

"Leurs parents ne craignent plus rien s'ils font des bêtises, ils n'en sont plus responsables", raconte-t-il. "Je remercie Bénédicte mon éducatrice qui m'a amené en famille d'accueil à la campagne et ça m'a aidé", poursuit-il.

En revanche, celui qui est aujourd'hui père de 4 enfants estime que les parents doivent jouer un rôle prépondérant dans l'éducation de leur progéniture, tout comme les acteurs sociaux de proximité:

"Il faut aider les parents, les accompagner. J'essaie de faire ce que mes parents n'ont pas pu faire pour moi", raconte Mohammed.

"Je ne donne pas forcément raison à mon enfant s'il me dit que la maîtresse l'a grondé. C'est un gros vice, il ne faut pas monter au créneau et s'en prendre aux enseignants", ajoute-t-il.

"Il faut une police de proximité, des éducateurs de quartier qui viennent parler aux enfants. Aujourd'hui, les réseaux sociaux tuent tout", conclut Mohammed.

Plus de 310 condamnations de parents ont été prononcées en un an, un chiffre en hausse de 40% depuis le premier trimestre 2023.

Cyprien Pézeril avec Guillaume Dussourt