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Langues étrangères: "A cinq ans, ils sont comme des éponges, ils retiennent facilement"

Exposer au plus vite les enfants aux langues étrangères, ce serait la solution pour un meilleur apprentissage alors que la France est à la traîne dans ce domaine.

L’apprentissage des langues n’est pas une compétence française. En effet, la France pointe dans les derniers rangs parmi les pays européens en la matière. Si l'on constate une amélioration côté lecture et écriture, le point noir reste l'oral. En fin de collège, en anglais, les trois-quarts des élèves ne sont pas capables de produire "une langue globalement correcte". Pour les langues souvent étudiées en LV2 c’est encore pire. 73% des élèves n’arrivent pas à s’exprimer correctement en espagnol, et 62% pour l’allemand. 

Le Conseil national d’évaluation du système scolaire (CNESCO) publie ce jeudi son diagnostic et ses recommandations. Il conseille notamment d’exposer plus tôt et d’avantage les élèves à une langue vivante. 

L'académie de Grenoble est pionnière en la matière. Depuis 2011 déjà, des classes en "immersion" bi-langue anglais/français ont vu le jour. 26 écoles de l'Académie sont concernées soit 2500 élèves scolarisés de la maternelle au lycée bénéficient d'un enseignement à mi-temps en français et en anglais. 

C’est le cas dans la classe de grande section de maternelle de Sophie. Des jeux aux activités, en passant par la lecture, les consignes, et même les réprimandes, pas un mot en français n'est prononcé par la maîtresse. Mais les enfants comprennent tout. "On comprend l’anglais. On a fait la date, après on a compté et après on a fait les ateliers" raconte un jeune élève. 

Une nécessité de formation des enseignants

Et Sophie Boiteux, l'institutrice, l'a constaté: ses élèves ont fait des progrès.

"A cinq ans, ils sont un petit peu comme des éponges, ils retiennent facilement. C’est un aspect un peu ludique avec les chants. Ce sont toujours un peu les mêmes rituels, mais c’est comme ça qu’ils retiennent. Et la compréhension est de mieux en mieux au fil des mois", explique-t-elle. 

La clé de cet apprentissage réussi, c'est la formation des enseignants. Bruno Boddaert est en charge de la coopération pour l'Académie.

"Ce qui va faire évoluer le niveau de langue des élèves, c’est que les professeurs soient capables de produire des cours d’enseignement en langue étrangère et d’exposer les élèves bien plus longtemps qu’ils ne le seraient par les simples heures de langue habituelles. Donc ça permet de décupler cette exposition aux langues étrangères tout en ne perdant pas leurs cours traditionnels et sans augmenter leur temps de travail global", précise-t-il. 

Et les premiers résultats concrets sont concluants : les élèves de CM2 de ces classes en immersion ont un niveau en anglais équivalent des élèves de 3e.

Gwenaël Windrestin avec Guillaume Descours