"Le voir rester sur son écran à ne rien faire, ça m'énerve": faut-il réduire les vacances d'été?

À Marseille, au cours de son déplacement de trois jours, Emmanuel Macron a dit vouloir "rouvrir le débat" sur le temps scolaire. Dans une école du quartier de la Castellane, lors d'un échange avec les journalistes, le président s'est dit favorable à une réduction des vacances d'été.
Une sortie qui fait réagir. Les grandes vacances, Marwan les redoute. Impossible pour l'informaticien de poser deux mois de congés pour garder son fils, scolarisé en primaire.
“Ce ne sont pas encore les vacances et on attend déjà la rentrée. C’est un peu problématique pour nous. On doit trouver un endroit où laisser le petit, on ne peut pas passer du temps avec lui. Des fois, je suis en télétravail donc je le garde”, explique-t-il.
Même frustration chez Zoubida de voir ses enfants désoeuvrés. “J'ai un grand qui est au collège. Le voir rester sur son écran à ne rien faire, ça m'énerve. Il répète toujours la phrase ‘je m'ennuie, qu'est-ce que je vais faire?’”, explique-t-elle.
"Ils ont besoin de se reposer"
Pour autant, deux mois de vacances sont nécessaires, insiste Anoush. “Je mets ma casquette de père. Ils ont besoin de se reposer. Là, on le sent. On voit bien qu'à la fin de l'année, le dernier mois est toujours difficile”, assure-t-il.
Reste que les élèves ne sont pas les seuls concernés, comme le rappelle Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen CFDT.
“Ce qui est problématique dans le discours d’Emmanuel Macron, c’est que le président semble ignorer que ce travail a déjà commencé. Nous, on est alerté par beaucoup de personnels de l’Education nationale qui font part de leur épuisement professionnel. On ne peut pas avancer une réduction des vacances d’été si on ne travaille pas sur les conditions de travail des personnels. Si on n'améliore pas drastiquement les conditions de travail au quotidien, ça ne passera pas”, estime-t-elle.
Et ce n'est pas d'enlever quelques jours de vacances qui va diminuer les inégalités entre élèves, selon Jean-Rémi Girard, président du Syndicat national des lycées et collèges.
“C’est plutôt permettre à des enfants issus de milieux défavorisés d’avoir des vacances qui puissent leur faire entretenir les aspects culturels, éducatifs et sportifs. Il faut rappeler que l’école, c’est l’école. Ce n’est pas la garderie”, appuie-t-il.
Sans compter, souligne-t-il, un fort absentéisme en juin. Difficile donc d'imaginer prolonger encore l'année scolaire.