"Les arguments du ministre sont fondés sur une peur irrationnelle du séparatisme": pourquoi l'enseignement immersif des langues régionales est menacé

Nahia a 11 ans, elle est scolarisée en CM2 dans une école privé occitane sous contrat avec l’éducation nationale. Chaque jour, avec une centaines d’autres enfants, toutes les matières du programme lui sont enseignées en Occitan qu’elle parle couramment comme sa sœur ainée avant elle:
"C’est une langue proche d’autres langues comme le catalan et l’espagnol. C’est peut-être plus facile d’apprendre d’autres langues après, une fois qu’on maitrise celle-là", assure-t-elle au micro de RMC.
De quoi rendre le papa des deux petites filles très fier: "Je suis fière de les voir parler l’occitan. J’espère qu’elles pourront le parler et le transmettre". Mais cette fierté s’accompagne désormais d’une grande inquiétude depuis la censure d’un des
articles de loi sur l’enseignement dit "immersif" des langues régionales. Car vendredi dernier, le Conseil constitutionnel a déclaré anticonstitutionnel deux articles phares d’une proposition de loi destinée à promouvoir et protéger les langues régionales, adoptée le 8 avril après un vote surprise de l'Assemblée. Ce qui pourrait remettre en question l’enseignement délivré à sa fille:
"Là c’est un net recul. Il est dit clairement que l’immersion serait illégale. Ça serait incroyable qu’au moment où une loi était censée encourager cette pratique, ce qui en ressort ce soit un retour en arrière où l’on dit que 50 ans après on décide que tout cela est illégal", déplore le père de Nahia.
"Peur du séparatisme"
De leur côté les élus s’insurgent contre une décision motivée selon eux par une peur irrationnelle du gouvernement: "Les arguments du ministre sont fondés sur une peur irrationnelle. C’est la peur du séparatisme. C’est l’idée que des enfants qui recevraient un enseignement uniquement en langue basque, bretonne ou corse développeraient un sentiment de détachement vis avis de la communauté républicaine", déplore l'élue de Nouvelle Aquitaine Charline Claveau, conseillère régionale déléguée aux langues et cultures régionales.
"Or l’enseignement immersif d’une langue régional c’est un enseignement au sein d’un pays dont le Français est la langue majoritaire. Toutes les évaluations y compris menées par l’éducation nationale montrent que l’enseignement immersif rend des résultats pour l’apprentissage et la maitrise du français au moins aussi bon voir meilleur pour les élèves scolarisés dans cette enseignement immersif", ajoute Charline Claveau.
Pour défendre cet enseignement immersif, des mobilisations sont prévues samedi partout en France. Et Charline Claveau pronostique déjà beaucoup de colère lors des mobilisations.
>> A LIRE AUSSI - "On est sur des basses manoeuvres politiciennes": tollé au sein de la majorité autour de la loi sur les langues régionales