Nîmes: malgré les drames et le déploiement de la CRS 8, violences et trafics ne s'arrêtent pas

Nîmes de nouveau le théâtre d'inquiétantes violences, ce week-end. Après les deux fusillades mortelles la semaine dernière, un mineur de 15 ans a été poignardé en plein centre-ville dans la journée de samedi. Dans une cité au nord de la ville, un homme de 26 ans a quant à lui échappé à la mort après avoir été la cible de tirs.
Pourtant, jeudi dernier, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en visite à Nîmes, avait annoncé l’arrivée de nombreux renforts de police dans la ville. La CRS 8, compagnie spécialisée dans les violences urbaines, avait même été déployée dès le mercredi. Malgré ces annonces, force est de constater que les violences se poursuivent.
"L’atmosphère, elle est vraiment particulière"
Sur l’avenue qui borde les tours de la cité Pissevin, les véhicules de police sont nombreux à patrouiller. Plus qu’avant, se réjouissent les habitants. Des renforts qui rassurent, mais certains restent défaitistes. "Ça ne va rien changer du tout" souffle Samira, avec de l’émotion dans la voix. Pour elle, la présence accrue des forces de l’ordre ne fera pas taire les violences.
"Il y a toujours eu des guerres de gangs. Ça va seulement déplacer les réseaux, il y en aura toujours. Là, l’atmosphère, elle est vraiment particulière", souligne-t-elle.
Et la jeune maman voit juste. La cité du Mas de Mingue, à quelques kilomètres au nord, a été le nouveau théâtre de fusillades ce week-end. Sur place, les discussions sur cette soirée de violence, se mélangent aux cris des guetteurs. Pour cet habitant aussi, les renforts de police ne suffisent pas.
"Il faut qu’ils légalisent le cannabis, c’est tout, comme l’alcool et les cigarettes. Il faut arrêter de se mentir, les jeunes sont en train de s’entretuer", lance-t-il.
"Il ne faut pas mettre du bleu partout"
Raouf Azouz, directeur du centre social "Mille couleurs" dans le quartier Pissevin, centre névralgique du trafic de drogue de la région nîmoise, estime de son côté que le déploiement de la police "fait du bien aux habitants" qui vivent dans la crainte et la peur, mais que ça ne suffira pas à long terme.
"Il y a un travail de fond à faire: éducation, emploi, médiation", liste-t-il.
"Il ne faut pas mettre du bleu partout, même les policiers le disent. Mais il faut faire en sorte qu'il y ait zéro point de deal dans les quartiers, zéro jeune sans accompagnement, zéro élève en décrochage scolaire et zéro famille face aux démarches administratives... Il faut repenser la politique de la ville dans ces quartiers", réclame-t-il.
"Ça se déplace, je suis inquiète"
Ces règlements de comptes s'exportent jusque dans les rues du centre-ville, dans lesquelles Anna aimerait voir plus de policiers.
"La sécurité pour tout le monde, de partout, même au centre-ville. Ça se déplace, je suis inquiète", témoigne-t-elle. Mais ce qui l’inquiète le plus, c’est l’avenir de ses petits-enfants à Nîmes.
Une centaine d'habitants du quartier de Pissevin, à Nîmes, se sont rassemblés samedi en mémoire de l'enfant de dix ans tué lundi par des tireurs impliqués dans la guerre pour le trafic de drogues. Une situation qui ressemble à la goutte d'eau qui fait déborder le vase chez certains, comme cette famille qui s'est confiée à RMC la semaine dernière: "Pour la sécurité de mes enfants, je ne resterai pas ici", lançait Soraia, qui prépare ses cartons pour faire fuir cette violence à ses deux fils.