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"On va prendre n'importe qui, c'est dangereux": les écoles recherchent désespérément des profs

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Face au manque de professeurs, de nombreux établissements scolaires recherchent d'urgence des contractuels, à une semaine de la rentrée. Une situation qui inquiète les enseignants titulaires. Ces derniers pointent du doigt un manque d'organisation et un niveau d'exigence très bas.

L'inquiétude grandit à une semaine de la rentrée. Les syndicats d'enseignants et de parents d'élèves alertent sur le manque d'enseignants. Plus de 2.600 postes de professeurs n'ont pas été pourvus à l'issue des concours de recrutement, selon un décompte de l'AFP, en juillet dernier.

Les établissements scolaires ont lancé leurs recherches pour trouver des contractuels capables de combler les postes vacants. Plus d'un millier d'offres sont proposées sur la plateforme du ministère de l'Éducation nationale dédiée aux recrutements.

Un niveau d'exigence très bas

Ces offres ont dû mal à trouver preneur. Certaines écoles n'hésitent pas à baisser le niveau d'exigence requis. Pour être professeur d'allemand, il suffit uniquement, par exemple, d'être "germanophone", un prof de Français nous confie de son côté qu'on lui a posé des questions du type: "A quel siècle vivait Molière?".

Des classes sans prof ! - 25/08
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Une situation "inquiétante et pas surprenante", selon Fatima Aït-Bounoua, professeure de français et membre des Grandes Gueules. "Un prof devant chaque classe, c'est la base, c'est le b.a.-ba. Ce n'est pas un privilège. Pour avoir un cours, on a besoin d'un professeur", insiste l'enseignante. "Je ne suis pas pour un professeur bradé."

"On va prendre n'importe qui, c'est dangereux. On a des petits cerveaux. Les enfants sont influençables", s'inquiète Fatima Aït-Bounoua.

Cette dernière redoute également les motivations des futurs candidats. La professeure de français craint que les offres soient prises par des "pédocriminels", qui "adorent les endroits où il y a des enfants".

Un manque d'organisation

Le nombre de postes vacants s'explique, en partie, par le manque d'organisation des services du ministère de l'Éducation, selon Fatima Aït-Bounoua.

"Ma petite-fille a son Capes, elle est professeure d'espagnol depuis quatre ans, et depuis, elle attend un poste. Tous les ans, après la rentrée, on lui donne un poste en cours d'année", se désole Marie-Christine au micro des GG.

"Moi ça a duré neuf ans", renchérit Fatima Aït-Bounoua. "Il y a ce problème d'organisation entre ceux qui sont disponibles et les nominations. C'est scandaleux." Professeur de bio-technologie dans un lycée professionnel, Kévin a déjà fait l'expérience de ce problème: "Même pour des congés maternités, l'annonce pour le remplacement, c'est deux semaines après que la titulaire soit partie."

D'après Charles Consigny, pour mettre fin aux problèmes d'effectifs, "il faut faire une espèce de révolution" du système scolaire. L'avocat plaide pour une réorganisation des emplois du temps. "Il y a trop d'heures de cours. Les professeurs le disent eux-mêmes. Ils ont, l'après-midi, face à eux des collégiens et des lycéens qui sont épuisés parce que ce n'est pas physiologiquement censé de tanker des adolescents dans des classes de 8 heures du matin à 18 heures. Ça n'a aucun sens", déplore Charles Consigny.

Ce dernier conseille plutôt de consacrer les après-midis à "du sport et des activités extra-scolaires intelligentes et utiles". Il estime également qu'il n'y a "pas assez de temps de travail des professeurs" et qu'il faudrait davantage de "contrôles sur l'absentéisme" des enseignants.

TRC