Polémique au collège d'Issou: symbole d'un climat délétère dans les écoles de la République?

Le ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal, s’est rendu ce lundi au collège d’Issou (Yvelines), où les enseignants ont exercé leur droit de retrait après l’agression verbale d’un professeur de français. Un collège où des élèves de sixième se sont révoltés parce qu’une prof a osé leur montrer un tableau du 17e siècle sur lequel on voyait des femmes nues.
Sur place, Gabriel Attal est venu soutenir l’équipe enseignante. Il a affirmé que dans les écoles françaises, on ne conteste pas l’autorité, ni la laïcité, et on ne détourne pas le regard devant un tableau.
Le ministre de l’Education a promis des sanctions dans cette affaire, et la fin du “pas de vague”, la politique qui consiste trop souvent dans l’Education nationale à nier les problèmes.
Des accusations de racisme
Jeudi dernier, une professeure de français a présenté à ses élèves de 6e la reproduction d’une toile du peintre italien Cavalier d'Arpin présentant une scène de la mythologie: Actéon surprenant la Déesse Diane au bain avec ses nymphes.
Plusieurs élèves se seraient alors caché le visage, ou bien se seraient retournés pour éviter de voir ce tableau. La professeure a ensuite tenté sans succès de dialoguer avec ces élèves.
Ensuite, l’affaire a pris de l’ampleur parce que cette classe avait une heure de “vie scolaire”, c’est à dire d’éducation civique avec leur professeur principal. Et là, ces enfants de 11 ou 12 ans ont protesté contre la prof de français. Ils l'ont accusée de racisme. Ils auraient affirmé qu’elle avait voulu choquer les élèves musulmans en leur montrant les femmes nues. Dans l'après-midi, des parents d'élèves s’en sont mêlés, envoyant eux aussi des mails de protestation. La professeure, qui est expérimentée et appréciée, a dénoncé fermement ces accusations de racisme et elle envisage de porter plainte pour diffamation.
Tous les enseignants ont alors exercé leur droit de retrait, ce droit de cesser le travail lorsque l’on se sent en danger. Les profs de ce collège d’Issou n’ont pas travaillé ni vendredi ni lundi. Ils ne veulent pas revenir sur les incidents de jeudi pour éviter "toute récupération politique", mais ils décrivent des conditions de travail épouvantables.
Un appel à l'aide du principal
Le principal de ce collège avait lancé une alerte quelques jours avant cette affaire. Le 1er décembre, il avait écrit une lettre terrible au rectorat de Versailles et racontait les multiples dénonciations calomnieuses et les faits de diffamation de la part des élèves et de leurs parents. Les profs faussement accusés de proférer des propos injurieux et des insultes envers les élèves, voire des profs accusés à tort d’agressions sexuelles. Il parle d’un incident qui a failli dégénérer lorsqu’un élève a voulu dénoncer une prétendue insulte à l’islam.
Le principal décrit les conséquences de ce climat délétère pour les profs mais aussi pour les enfants. Il évoque le mal-être des collégiens eux-mêmes victimes de menaces, de violences physiques, de traitements dégradants ou humiliants de la part des autres élèves. Et cette lettre du principal se termine par un véritable appel à l’aide. Il écrit qu'il a besoin de renforts, et que c'est urgent.
Le ministre Gabriel Attal a semblé entendre cet appel. Il a promis l'arrivée dès ce mardi des équipes "Valeurs de la République", des personnels formés pour lutter contre les incivilités et les atteintes à la laïcité. Gabriel Attal a aussi promis des postes de surveillants. Sans préciser combien.
Pour l'instant, dans cet établissement de près de 600 élèves, il n’y a que cinq surveillants et demi et une CPE qui travaille à 80%. Pas assez pour contenir ces élèves qui, selon le principal, sont "de plus en plus en danger" et qui peuvent "de plus en plus devenir dangereux".