Propos antisémites d'étudiants: "Dans les couloirs de la fac, on voit un certain clivage politique"

RMC vous le révelait mardi, le ministre démissionnaire de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, réunira jeudi les recteurs et présidents d’université. Celui-ci veut rappeler la nécessité d’une fermeté accrue après la découverte de propos antisémites dans des groupes de discussion d'étudiants de la Sorbonne. Le ministre a également prévu de recevoir cette semaine les dirigeants de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF).
Cela fait suite à deux épisodes : le premier est survenu le 24 août, lorsqu'un un sondage intitulé "Pour ou contre les Juifs" avait été posté sur un groupe WhatsApp d'étudiants en économie de l'université Paris 1. Le deuxième a eu lieu cette semaine, dans un autre campus de l'université Paris IV. Des menaces et des insultes antisémites ont été relayées sur un groupe Instagram d'étudiants en licence d'histoire, ("Espèce de juif va", "Va faire shabbat plus loin", "Y'a moyen à la rentrée, ça finit en fusillade").
"Ambiance chelou"
Devant le campus concerné, c'est la consternation. À la sortie de son cours d'histoire, Laura, qui prend connaissance de la teneur des messages, n'en revient pas. "Une telle violence, c'est choquant", souffle-t-elle au micro de RMC.
Des insultes antisémites, des incitations à la haine, d'autant plus difficiles à entendre qu'elles ont été écrites par des camarades de promotion... "Wow, y'a des gens qui pensent ça, qui disent ça... Ça met une ambiance chelou."
L'ambiance au sein du campus a justement tout de suite interpellé JD, étudiant en L1 d'histoire. "Dans les couloirs, on voit un certain clivage politique, notamment de l'extrême gauche. On le voit, beaucoup de personnes portent des keffiehs, on les entend aussi dans les paroles, ça s'entend", affirme-t-il.
"On essaie d'influencer le débat en n'ayant aucune culpabilité"
L'université doit être préservée de ce genre d'attaques, abonde Lucie. "Ça n'a rien de normal d’avoir des propos comme ça. On est sur un terrain neutre, ça reste l’école. Les convictions de chacun, c’est pour chacun", selon elle.
Preuve que le malaise est profond, une prof du campus vient spontanément à notre micro. "Je suis scandalisée", fait-elle savoir. Cette professeure d'espagnol s'inquiète de la banalisation des propos antisémites sur les groupes de discussion étudiants : "Ça veut dire qu'on essaie d'influencer le débat en n’ayant aucune culpabilité. C'est totalement décomplexé. Je trouve ça tellement choquant." Une enquête a été ouverte et les auteurs de ces propos sont toujours en cours d'identification.
Paris 1 Panthéon Sorbonne a engagé, samedi, une "procédure disciplinaire" contre un de ses étudiants, soupçonné d'avoir exclu plusieurs étudiants d'un groupe de discussions en ligne "en raison de leur supposé sionisme" ou "prétendue appartenance religieuse".
Christine Neau-Leduc, présidente de Paris 1 Panthéon Sorbonne, a relevé mardi lors d'une conférence de presse de rentrée que, même lorsque les accusations d'antisémitisme portent sur des propos tenus dans des groupes de discussion privés "sur les réseaux sociaux", s'ils concernent des étudiants de l'université, cette dernière a "la possibilité de les poursuivre de façon disciplinaire" et l'a déjà fait il y a deux ans lors de propos homophobes.