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Suicide d'une enseignante harcelée: "Trop souvent, l'Éducation nationale utilise le 'pas de vague'”

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La ministre Elisabeth Borne a saisi l'Inspection générale de l'Education après la mort d'une institutrice et directrice d'école du Cantal. Elle s'est donné la mort le jour de la rentrée. Le symbole est fort et le contexte tout autant. Depuis un an et demi, Caroline Grandjean était la cible d'un harcèlement homophobe et d'un corbeau qui n'a jamais été retrouvé.

L’inspection générale de l’Éducation nationale a été saisie après le suicide d’une institutrice de 42 ans le jour de la rentrée à Anglards-de-Salers dans le Cantal. Cette directrice d’une école à Moussages a été découverte sans vie en contrebas d’un site escarpé. Elle était depuis deux ans la cible d’un corbeau qui la harcelait en raison de son homosexualité.

Un suicide qui pose question pour la communauté éducative et notamment sur le soutien apporté par l’Éducation nationale. De l’aveu de l'institutrice qui avait raconté son histoire dans une bande-dessinée, elle ne se sentait pas soutenu par l’Éducation nationale, la mairie ou encore les parents d’élèves.

Un sentiment que confirme sur RMC ce mercredi Florence Comte, secrétaire et porte-parole du syndicat des directrices et directeurs d'école.

“Elle avait fait appel au syndicat en juillet 2024 après toute une année scolaire très difficile pour elle au cours de laquelle elle avait été la cible de plusieurs tags homophobe sur son école et de menace de mort. Elle avait fait appel à nous parce qu’elle voulait reprendre son poste d’enseignante en septembre à l’école de Moussages et la hiérarchie le lui refusait. On avait essayé de médiatiser l’affaire et de l’aider”, explique-t-elle.

L'invitée du Morning : Florence Comte - 03/09
L'invitée du Morning : Florence Comte - 03/09
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Une faillite de l'Education nationale?

Pour elle, le suicide de cette enseignante est un véritable choc. “On savait qu’elle était suivie, on pensait qu’elle allait réussir à surmonter toute cette douleur et au final elle a choisi de mettre fin à ses jours. Au-delà du syndicat, c’est vraiment toute la communauté éducative qui est ébranlée depuis”, assure-t-elle.

La ministre de l'Éducation nationale, Élisabeth Borne, a donc annoncé saisir l'Inspection générale de l'Éducation nationale afin de mener une enquête administrative et faire la lumière sur la mort de Caroline Grandjean, répondant ainsi à la demande des syndicats.

“Ce qu’elle dit depuis le départ, c’est qu’elle n’a pas reçu le soutien qu’elle aurait mérité ni de la part de l’institution Éducation nationale, ni de la part de la mairie, ni de la part des parents d’élèves. Et ça, elle en a énormément souffert. Et trop souvent, l'Éducation nationale utilise le ‘pas de vague’”, appuie-t-elle.

Pas de soutien de la mairie

Thierry Pajot, du syndicat des directeurs d’écoles, croit la version de Caroline qui ne s’estimait pas soutenue: “Monsieur le maire n'a jamais soutenu immédiatement sa directrice. La gendarmerie voulait metttre des caméras de vidéo-surveillance pour découvrir qui était ce ou ces corbeaux mais ça a été refusé. Je crois qu'elle attendait une présence forte que ce soit l'inspection, les conseillers pédagogiques. Si quelqu'un aurait pu l'aider c'est l'institution", appuie-t-il.

Élisabeth Borne a assuré que l'enseignante avait bénéficié d'une protection fonctionnelle et de dispositifs de soutien mis en place par l'Éducation nationale. “Je pense que l'Éducation nationale faillit trop souvent au niveau des ressources humaines. On n’est pas bon. Ça dépend vraiment des personnes hiérarchiquement qui nous entourent. Dans le cas de madame Grandjean, on ne lui a pas fait confiance, on a voulu la déplacer pour la protéger, ce n’était pas ce qu’elle voulait et elle s’est sentie totalement bafouée”, déplore Florence Comte.

Louise Salle avec Guillaume Descours