Suicide de Lindsay: la famille regrette la lenteur de la réaction de Pap Ndiaye
"A l'évidence, il s'agit d'un échec collectif". Le ministre de l'Education Pap Ndiaye est sorti du silence ce jeudi sur BFMTV concernant l'affaire du suicide de Lindsay, 13 ans, qui s'est donné la mort le 12 mai dernier après avoir été victime de harcèlement scolaire.
"Un drame qui n'est pas un cas isolé", tient à souligner ce vendredi sur RMC Me Pierre Debuisson, avocat de la famille de Lindsay. Jeudi, ils ont annoncé avoir déposé quatre plaintes, s'estimant lâchés par les autorités depuis la mort de l'adolescente. Trois plaintes ont été déposées contre la direction du collège, l'académie de Lille et les policiers en charge de l'enquête pour "non-assistance à personne en péril", a détaillé la veille Me Pierre Debuisson, lors d'une conférence de presse à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), où la collégienne était scolarisée.
Une quatrième plainte vise Facebook et Instagram "complètement défaillants" en matière de modération des contenus et de lutte contre "les propos haineux", selon l'avocat, dénonçant la poursuite du harcèlement contre Lindsay.
"Il a fallu attendre trois semaines pour avoir une réaction"
"Il faut mettre un terme à tout ça. Même le décès n'a pas suffi à faire cesser cette déferlante de haine sur les réseaux sociaux. Elle continue de faire l'objet de propos ignobles. Cette poignée de collégiens continue d'agir en toute impunité et même la meilleure amie de Lindsay continue d'être harcelée et insultée sur les réseaux sociaux", explique Pierre Debuisson, qui regrette la réaction tardive du ministre de l'Education nationale sur cette affaire.
"Il a fallu attendre trois semaines pour avoir une réaction. On en a marre de ces effets d'annonce de trois lignes sur Twitter. Il aurait peut-être fallu prendre son téléphone, ou se déplacer, pour partager quelques mots de compassion avec les parents de Lindsay", note-t-il, s'orientant maintenant vers l'avenir: "il nous tend la main, toute aide est bonne à prendre maintenant".
Autre regret: qu'aucune famille des enfants harceleurs n'ait eu de mots ou gestes pour la famille de Lindsay avant le drame. "Il y a derrière tout ça un problème d'éducation", juge-t-il, estimant qu'il y a aussi une "responsabilité morale" de certains parents "en perte de contrôle" qui sont "déconnectés de toute forme de réalité".
L'avocat explique également que la famille de Lindsay souhaite lancer une association d'aide pour "lancer un programme massif" pour permettre dès l'école primaire de mettre un terme au problème du harcèlement.
Le ministre promet un renforcement de la lutte contre le harcèlement
Pour Pap Ndiaye, les réseaux sociaux "ont leur part de responsabilité". Il faut selon lui les "mettre sous pression de manière plus accentuée". "Avec d'autres ministères, nous allons nous concerter et agir de manière extrêmement ferme à l'égard des réseaux sociaux car au-delà de ce qu'ils peuvent dire, nous savons que leur réaction est trop lente", a-t-il martelé.
Dans un communiqué, Pap Ndiaye a promis d'"inviter à échanger les principaux responsables des réseaux sociaux, en particulier le groupe Meta France (Facebook, Instagram), SnapChat, TikTok et Twitter", affirmant suivre "personnellement" le dossier du suicide de Lindsay. Pap Ndiaye a annoncé un "renforcement de la cellule de lutte contre le harcèlement". Evoquant les numéros verts sur le cyberharcèlement (3018) et le harcèlement à l'école (3020), il a expliqué que "les moyens qui leur sont attribués seront augmentés pour recruter davantage de psychologues, experts des réseaux sociaux et d'écoutants".