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Un chef d'établissement catholique à Pau suspendu pour "atteintes à la laïcité"

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Un chef d'établissement privé catholique, à Pau, a été suspendu de ses fonctions par le rectorat ce mercredi. L'intéréssé avait été mis en cause il y a plusieurs mois par plusieurs syndicats et enseignants, dénonçant "le non-respect des obligations contractuelles" comme "des cours de catéchisme obligatoires" et "des entraves à la liberté de conscience". Ses avocats ont annoncé leur intention de saisir le tribunal administratif de Bordeaux d'un recours.

Le chef d'un établissement privé catholique de Pau a été suspendu par le rectorat de ses fonctions de direction pendant trois ans, pour des "atteintes à la laïcité", a appris l'AFP ce mercredi 11 septembre auprès de ses avocats et de syndicats qui avaient donné l'alerte.

Interrogé, le rectorat de l'académie Bordeaux n'a pas souhaité s'exprimer, évoquant une "décision individuelle, adressée à l'intéressé, sur laquelle nous ne sommes pas fondés à avoir une communication publique".

Pas d'interdiction d'enseigner

Accompagné de cadres de son établissement à la sortie de l'Inspection académique de Pau mercredi matin, le directeur de l'Immaculée conception Christian Espeso est apparu les traits tirés, selon Sud-Ouest qui avait rapporté la sanction en fin de matinée. Christian Espeso n'a en revanche pas été interdit d'enseigner, ont précisé ses avocats.

"Catéchisme obligatoire, intervenants réactionnaires.."

Une enquête de Libération, parue en février et donnant la parole à des professeurs et élèves de l'ensemble scolaire Immaculée Conception-Beau Frêne de Pau, mettait au jour les libertés prises dans les pratiques religieuses, comme "des cours de catéchisme obligatoires et évalués, des censures d'ouvrages, des intervenants réactionnaires ou des entraves à la liberté de conscience". Cinq syndicats de l'enseignement public et privé avaient ensuite dénoncé "le non-respect des obligations contractuelles" de l'établissement palois envers l'Etat.

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Ses avocats dénoncent une "l'idéologie gauchiste de quelques-uns"

Christian Espeso avait été convoqué au rectorat à Bordeaux pour un entretien disciplinaire le 29 août dernier. Ses avocats, Mes Thierry Sagardoytho et Vincent Ligney, ont immédiatement annoncé mercredi, par voie de communiqué, leur intention de saisir le tribunal administratif de Bordeaux d'un recours "pour excès de pouvoir" et d'un référé-suspension. Ils pointent un "dossier vide, trafiqué et orienté".

Ils jugent Christian Espeso, à la tête de l'ensemble scolaire depuis onze ans, comme "sacrifié sur l'autel expiatoire des attaques récurrentes contre l'enseignement privé", et fustigent, selon eux, "l'idéologie gauchiste de quelques-uns". Ses avocats voient dans cette décision "une déclaration de guerre" contre l'Immaculée Conception et son directeur.

Une "attaque contre l'enseignement catholique"

Même incompréhension du côté du sénateur LR des Pyrénées-Atlantiques, Max Brisson. Cet ex-inspecteur général de l'Éducation nationale et vice-président de la commission éducation au Sénat s'est insurgé dans un communiqué contre une décision "démesurée".

L'élu qualifie "d'attaque en règle contre l'ensemble de l'enseignement catholique" de la part d'une autorité académique qui "a cédé aux injonctions des syndicats les plus idéologues, animés d'une vision militante et déformée de ce qu'est la laïcité dans notre pays." Il a exprimé "tout son soutien" à Christian Espeso, victime selon lui d'un "traitement incompréhensible".

Le syndicat Snep-UNSA se félicite de la décision

Mais pour le syndicat Snep-UNSA, l'un de ceux qui avaient donné l'alerte, cette décision "prouve que la commission disciplinaire existe et qu'elle peut faire son travail". Franck Pécot, son secrétaire général, dit sa "satisfaction de voir que l'État joue son rôle de contrôle".

RMC avec AFP