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Violences au lycée Gallieni de Toulouse: "Certains élèves ont des armes blanches" témoigne un prof

TEMOIGNAGES RMC - Les professeurs de lycée Gallieni de Toulouse subissent depuis plusieurs mois des agressions et menaces de la part des élèves. Ils ont décidé de lever la voix pour dénoncer ces conditions. Stéphane Dorbe, enseignant au lycée, s'est confié au micro RMC.

Le lycée Gallieni de Toulouse est dans le viseur du ministre de l’Education nationale. Depuis plusieurs mois, des incidents, des agressions, des bagarres et même des départs de feux se multiplient. Les professeurs de cet établissement de 950 élèves ont décidé de tirer la sonnette d'alarme. 

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, a reçu lundi un rapport sur la situation, qu'il juge "inacceptable". Le ministre a promis mercredi que le "droit serait de retour, et les règles respectées grâce notamment à la mise en place d’une nouvelle équipe d’encadrement dans l’établissement".

Cette déclaration du ministre est incomprise par le personnel du lycée, comme l'explique Fanny Guichard, professeur de mathématiques.

"Changer le proviseur, ce n’est pas la solution. Le problème, il est ailleurs, c’est le recrutement des élèves. On a des élèves qui arrivent en cours et qui ne sont pas pas là pour étudier. Pas là pour travailler, Ils viennent faire tout autre chose, comme dans leur cité, et ça, c’est plus possible, c’est inadmissible".

"Des profils de criminels"

Agressions, vente de drogue, bagarres, et même menaces de morts envers des enseignants rythment le quotidien de cet établissement. Et les fauteurs de troubles qui créent ce climat d’insécurité sont clairement identifiés, selon Eric Abgrall, porte-parole des enseignants.

"Certains élèves ont des profils de grosse délinquance, voire même de criminels, certains ont fait le prison, certains sont en attente de procès aux Assise, certains - ce sont des cas très rares - sont en mesure d’éloignement de la région parisienne".

Pour Stéphane Dorbe, enseignant au lycée et porte-parole des enseignants, cette situation n'est plus supportable.

"A chaque fois que j’interpelle un individu qui s’apparente à un délinquant parce qu’il transgresse ostensiblement une dizaine de règles du règlement intérieur du lycée, je suis dans une posture de totale méfiance. Je m’adresse à lui avec fermeté mais je reste à distance, parce que je ne sais pas nécessairement à qui j’ai à faire. (...) Nous ici on fait cours à mains nues, alors que certains élèves ont des armes blanches.
(...) Lorsque vous avez en face de vous une classe de 30 élèves dont l’intégralité n’a pas demandé à être dans cette filière, dont plus de la moitié refuse non seulement la formation mais aussi le diplôme qui leur est proposé, dont 13 sont sous tutelle judiciaire non pas parce qu’ils sont en danger mais parce qu’ils mettent les autres en danger, c’est impossible de faire cours dans ces conditions.
Jean-Wilfrid Forques avec C. P.