Violences en maternelle: "Pour sa première rentrée, la maîtresse l'avait enfermé dans un placard"

Des images qui ont rapidement choqué toute la France, et ont même dépassé nos frontières. Une enseignante de petite section de maternelle d'une école du XVe arrondissement de Paris a été filmée en train de frapper une fille de 3 ans.
Dès la diffusion de cette vidéo, l'enseignante a été suspendue et les parents ont déposé plainte pour ces faits qui remonteraient au 5 septembre.
Une vidéo qui a fait délier les langues de nombreux Français qui ont connu des situations similaires dans leurs écoles respectives. Dans Apolline Matin ce mercredi 11 septembre sur RMC, Anthony, comptable dans le Morbihan, a tenu à partager l'expérience terrible de son fils, âgé de 20 ans aujourd'hui, dans une école près de Saint-Nazaire.
"Il a connu une première rentrée qui l'a perturbé toute sa vie, toute sa scolarité", explique-t-il.
"Elle s'est emportée et l'a pris en grippe"
Pourtant, rien ne laissait présager de ce traumatisme au moment de la première rencontre, lors de la pré-rentrée. "Il avait vu une maîtresse très douce, très délicate, très bien". Finalement, au moment de la vraie rentrée, ce n'était plus la même enseignante. "Elle était beaucoup plus ferme au moment de l'accueil", note-il.
Pour les occuper, elle leur a donné une feuille blanche et de la peinture et il fallait peindre sur la feuille. "Moi, je faisais des travaux de peinture à la maison. Il a donc certainement voulu faire comme son père, et il a peint sur le mur de la classe. Elle s'est emportée et l'a pris en grippe".
"Elle n'a rien trouvé de mieux, pour essayer de le calmer, parce que quand elle l'a puni, il s'est mis à pleurer forcément et ça s'est mal passé, que de l'enfermer dans un placard...", explique-t-il avec des trémolos dans la voix à l'évocation de ce souvenir.
"Elle m'a dit qu'il était infernal, qu'il était infect"
"Vous imaginez un peu le choc pour un enfant? Il n'a pas vraiment su nous l'expliquer au début. On n'a pas compris. On le forçait à aller à l'école. Il faisait pipi au lit alors qu'il était propre, il ne dormait plus, il ne mangeait plus. On a bien compris qu'il y avait un problème", narre-t-il.
Il demande ainsi un rendez-vous avec la maîtresse, et c'est là qu'il découvre le pot aux roses.
"Elle m'a dit qu'il était infernal, qu'il était infect, qu'il bougeait tout le temps. Au fur et à mesure de la conversation, j'ai un peu insisté car je ne comprenais pas. Puis elle m'a dit que pour le calmer, elle l'avait mis dans un placard. J'ai pris sur moi pour ne pas être violent", concède-t-il.
"Les conséquences d'un tel geste sont dramatiques"
Son fils a ensuite été un temps déscolarisé et a dû multiplier les rendez-vous avec un pédopsychiatre tout au long de sa vie pour tenter de retrouver le chemin de l'école. "C'était un enfer pour lui, j'avais l'impression d'être son bourreau. Il a pris des retards dans sa scolarité alors qu'il n'a pas vraiment de problèmes de compréhension, mais l'affectif... Les conséquences d'un tel geste sont dramatiques", conclut-il, expliquant qu'il n'a jamais reçu d'excuses.
"Le directeur m'a à peine reçu, la maîtresse me disait qu'elle venait de région parisienne en ZEP, qu'elle savait faire avec les enfants difficiles...", souffle-t-il.
Aujourd'hui âgé de 20 ans, son fils va mieux. Mais on peut imaginer qu'un tel choc ne peut-être effacé de la mémoire si facilement.
Un constat que Laura partage également sur RMC, rapportant que sa fille, qui vient d'entrer au CP, connaît des moments compliqués. "La maîtresse ne frappe pas, mais il y a des tirages d'oreilles. En 2024, on voit encore ça...", souffle-t-elle, avant d'aborder des violences plus psychologiques.
"Si l'enfant monte à l'estrade et connaît mal sa poésie, elle se moque", témoigne-t-elle, expliquant qu'elle est allée jusqu'à priver d'anniversaire une fille qui ne savait pas sa poésie. "On a beau faire des courriers à l'académie, rien ne fonctionne", regrette-t-elle.