"Grand débat": "Je ne suis pas là pour être l'animateur d'un débat qui risque de partir dans tous les sens", affirme un maire

Le gouvernement a demandé aux maires et notamment aux maires ruraux d'organiser les débats dans leur commune. Mais certains estiment qu'on se rappelle qu'ils existent uniquement quand on a besoin d'eux.

Le grand débat national, réponse à la colère des "gilets jaunes", commence ce mardi, avec le déplacement d'Emmanuel Macron dans l'Eure, à Grand Bourgtheroulde. Les maires tiendront un rôle essentiel, a écrit le président de la République dans sa lettre aux Français. Mais quel sera ce rôle? Avec quelles garanties? 

Les représentants de l'association des maires ruraux (communes de moins de 3 500 habitants) étaient reçus lundi à l'Elysée, mais aussi par Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale, et par Emmanuelle Wargon, secrétaire d'Etat à la transition écologique, chargée de superviser le débat. Cependant le flou persiste sur la manière dont va s’organiser le grand débat national. 

Envoyés en première ligne, les maires ruraux ne se laisseront pas instrumentaliser, prévient Jacques Drouhin, le maire sans étiquette de Flagy, en Seine-et-Marne. "Bizarrement aujourd’hui, certains se rappellent qu’il y a des maires ruraux et que pour une fois, on va peut-être les utiliser", affirme-t-il. S’il accepte de faciliter le débat, prêter des salles communales, il refuse de trop s’impliquer.

"Je ne suis pas là pour être l’animateur d’un débat qui si ça trouve va partir dans tous les sens, où je ne sais même pas qui sera dans la salle. Il y aura peut-être des politiques, des associations, des extrêmes. Je ne vais pas me mélanger à tout ça", poursuit le maire. 

"Je veux jouer le jeu"

Pourtant, pour Ghislaine Senée, maire écologiste d'Evecquemont dans les Yvelines, les élus doivent participer activement au grand débat. "Nous sommes dans la rue tous les jours pour les crottes de chien, les problèmes de voisinage, on est sollicité. Je veux jouer le jeu. Je fais confiance à ce gouvernement, pourtant, je ne suis pas du même bord. Mais aujourd’hui il n’a pas le choix s’il ne saisit pas cette occasion-là il aura vraiment tout perdu", explique-t-elle. 

Ces maires ruraux seront maîtres de leurs choix. Selon le président de leur association, ils pourront organiser, faciliter le débat, ou ne rien faire.

Paul Barcelonne avec Guillaume Descours