RMC

Humiliés, trois lycéens attaquent l'Etat pour discrimination et contrôle au faciès

En mars 2017 à la Gare du Nord au retour d'un voyage scolaire, Mamadou, Ilyas et Zakaria avaient été contrôlés par des policiers, sous les yeux de leurs camarades de classe. Contrôle qu'ils estiment effectué en raison de leur seule "apparence".

Ils s'estiment victimes de contrôles "au faciès".

Trois lycéens de Seine-Saint-Denis qui avaient fait l'objet d'un contrôle d'identité lors d'une sortie scolaire attaquent à Paris le ministère de l'Intérieur et l'État, espérant les faire condamner pour "discrimination". Ils demandent également des dommages et intérêts.

"Mes clients attendent de ce procès tout d’abord une condamnation de l’Etat en raison du contrôle au faciès qu’ils ont subi. Un contrôle humiliant pour eux qui s’est déroulé en plein centre de Paris devant leurs copains, voyageurs, devant plein de monde" a indiqué leur avocat, Slim Ben Achour, spécialiste de la question des contrôles au faciès.

Les trois lycéens se sont sentis "humiliés"

"Ils ont contrôlé les deux renois et l'arabe", assure Mamadou, 20 ans, aujourd'hui réceptionniste dans un hôtel parisien. "Humiliés" par ce contrôle qu'ils estiment effectué en raison de leur seule "apparence", ils avaient déposé plainte, soutenus par leur professeure présente ce jour-là, Élise Boscherel. "Pourquoi eux?", s'interroge encore leur ex-enseignante: "Il n'y a pas eu de justification" au contrôle.

"Un jeune français d’origine maghrébine ou noire est contrôlé vingt fois plus souvent"

Un contrôle qui n’étonne pas l’avocat des trois jeunes hommes, chiffres à l’appui: "Les statistiques sont claires : un jeune français d’origine maghrébine ou noire est contrôlé vingt fois plus souvent". Ce procès s’inscrit donc dans une demande plus globale: "Il s’agit donc d’une pratique policière voire d’une politique auquel il faut mettre fin. Nous espérons que ce procès va y contribuer".

A l'époque, la professeure avait réclamé une circulaire pour interdire les contrôles lors des sorties scolaires, une demande soutenue par le président PS du département de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel. Celui-ci a annoncé sa présence à l'audience qui se tiendra devant une chambre civile du TGI de Paris. Le Défenseur des droits sera également représenté.

Victor Joanin & J.V