"Il n’y a que l’éducation qui pourra le faire": Ismaël Saidi appelle à "déconstruire" l’antisémitisme

"En tant que musulman, je refuse de me voiler la face sur la nature de l’antisémitisme en France": c’est le titre de la tribune d’Ismaël Saidi, publiée par Le Figaro. Auteur de la pièce "Djihad", l'histoire tragi-comique de trois Bruxellois partis se battre en Syrie, il déplore ce vendredi sur RMC "un manque d’empathie énorme, dégoûtant, horrible" après l’attaque terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre. "Effectivement, il y a une guerre à Gaza, des bombardements, des enfants qui meurent, des civils qui tuent, et le gouvernement israélien devra un jour rendre des comptes. Mais le 7 octobre, il y a eu des gens tués, torturés, violés, kidnappés. Cela m’a fait penser à cet antisémitisme, qui interdit même aux gens d’être victimes", explique-t-il dans Apolline Matin.
Et il appelle à combattre l’antisémitisme par "l’histoire et la culture". "Je suis hyper optimiste. J’ai rencontré 2 millions de personnes avec ‘Djihad’, dont des collégiens et des lycéens, et je joue partout, même dans les prisons. Je pense que l’Education nationale a un énorme travail à faire parce que l’histoire peut répondre, souligne-t-il. Bien sûr que ce n’est pas le boulot de l’école de parler de religion, mais c’est son boulot de parler de l’histoire des religions. On peut aller plus loin, décortiquer. On peut expliquer ce qu’il s’est passé au Moyen-Orient. Ce n’est ni noir, ni blanc. Ce sont des années et des années d’enlisement dans un conflit. Et il va falloir déconstruire tout ce que ces entrepreneurs de colère, ces distributeurs de haine, ont dit, avec l’histoire et la culture. On n’a pas d’autre choix."
"Les actes antisémites, c’est la fin d’une équation, pas le début, ajoute Ismaël Saidi,. Cette équation, elle a commencé par une idée qu’on a injectée à quelqu’un. Ça a fini par devenir une pensée, puis une émotion, une parole et enfin un acte. Il faut qu’on travaille sur l’idée de départ. Et il n’y a que l’éducation qui pourra le faire. C’est comme pour un cancer, ça prend du temps. Mais il va falloir le faire."
"Il faut en parler"
En France, les actes antisémites ont explosé depuis le 7 octobre. "Palestiniens et Israéliens, c’est un conflit territorial mais le glissement s’est très vite fait et c’est devenu musulmans contre juifs, un conflit mondial, déplore Ismaël Saidi. C’est ce qui fait que chez nous en France, parce qu’on a les deux plus grosses communautés d’Europe, ça devient un conflit non pas importé, mais qui fait partie du pays. Il faut en parler, parce qu’il va falloir lutter contre ça. Et ce n’est pas récent."
"Dire que tant que la situation ne sera pas réglée au Proche-Orient, il faudra accepter que des juifs se fassent taper dessus ici, ça ne tient pas la route, poursuit le comédien belge. D’abord, c’est horrible pour les juifs, parce qu’ils seront toujours responsables, même de ce qui leur arrive. Et c’est faux. Quand on entend les terroristes du Hamas se réjouir de ce qu’ils ont fait, ils ne disent pas qu’ils ont tué des Israéliens, mais qu’ils ont tué des juifs."