"Il y a une immense hypocrisie dans notre pays": l'Assemblée nationale doit étudier une proposition de loi sur l'euthanasie mais certains députés bloquent le processus

Une semaine après son adoption en commission des Affaires sociales, la proposition de loi d'Olivier Falorni, député du groupe Libertés et Territoires "donnant le droit à une fin de vie libre et choisie" arrive jeudi en séance publique dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Le texte de l’élu de Charente-Maritime veut apporter une nouvelle réponse au douloureux et sensible débat sur la fin de vie et l'euthanasie, cinq ans après la loi Claeys-Leonetti, qui autorise la sédation profonde et continue.
"La réalité de notre pays, c’est une immense hypocrisie. Vous avez des Français parce qu’ils en ont les moyens et les réseaux, qui sont obligés de s’exiler en Belgique ou en Suisse. Madame Guinchard, ancienne ministre opposée à l’euthanasie, est elle-même allé mourir en Suisse. Ouvrons les yeux sur la mort dans ce pays", plaide ce mercredi sur RMC Olivier Falorni.
"Ce texte respecte la volonté du malade", ajoute l'élu qui craint surtout de ne pas pouvoir débattre à l'Assemblée nationale. Car le dépôt de milliers d’amendements par une poignée d’élus de droite risque d’empêcher le vote. Certains députés LR ont déposé près de 3000 amendements: "C’est un scandale démocratique", déplore Olivier Falorni. "Quand un projet de loi vient du gouvernement, il est arrivé que l’opposition dépose des milliers d’amendements pour retarder le vote. Là, sur une niche parlementaire, c’est-à-dire une journée consacrée par un groupe, si à minuit vous n’avez pas délibéré sur les milliers d’amendements, vous ne pouvez pas voter", regrette-t-il.
"Dans le pire des cas, l’Assemblée nationale aura donné son avis sur l’aide active à mourir"
272 députés de tous bords ont pourtant signé une tribune dans le JDD, dénonçant l’action de 5 députés qui voudraient "empêcher l’Assemblée nationale de voter sur la fin de vie", déplore Olivier Farloni qui assure qu’il ne retirera pas son texte. "Nous serons à un moment ou un autre, amenés à nous exprimer et voter sur des articles de ce texte. Dans le pire des cas, l’Assemblée nationale aura donné son avis sur l’aide active à mourir".
Certains opposants estiment qu'un tel sujet ne peut être débattu dans le temps réduit d'une niche parlementaire quand d'autres sont radicalement hostiles à la mesure pour des principes philosophiques et religieux. Et le texte d'Olivier Falorni s'est trouvé un autre adversaire. L'écrivain Michel Houellebecq, qui s'engage pourtant très peu, a assuré dans les colonnes du Figaro qu'une civilisation qui légalisait l'euthanasie perdait "tout droit au respect" et si elle l'acceptait "elle devrait être détruite".
De quoi faire bondir Olivier Falorni: "C'est ses convictions mais il est tellement caricatural que ce qui est excessif est insignifiant. Mais c'est un débat qui mérite de respecter toutes les consciences. Et notre texte de loi respecte la volonté du malade. Il permet à celui-ci en fin de vie, soit d'aller en soin palliatif, soit de bénéficier d'une aide active à mourir", conclu le député.
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