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Imams détachés: comment une centaine d'entre eux vont rester en France

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À partir de ce lundi 1er avril, les imams détachés, c'est-à-dire payés par des pays étrangers, n'ont plus le droit d'exercer dans des mosquées françaises. Pour rester, ils doivent devenir salarié d'une mosquée en France.

Devenir salarié d'une mosquée française ou rentrer dans leur pays d'origine. Les imams détachés en France, autrement dit ceux qui étaient payés par d'autres pays, devaient choisir entre ces deux options à partir du 1er avril.

Le gouvernement reprochait à ces 300 imams détachés (sur 2.700 imams en France) d'être une porte d'entrée vers le séparatisme. Selon nos informations, une centaine vont finalement rester dans l'hexagone.

Un certain coût pour les mosquées

Parmi eux, aucun Turc, tous de retour dans leur pays d'origine. Une vingtaine de Marocains sont déjà salariés dans des mosquées françaises. Les Algériens sont, eux, près de 80 à vouloir rester, toujours dans l'attente de titres de séjour pour travailler.

Vice-président du Conseil français du culte musulman et recteur de la Mosquée de Nîmes, Abdallah Zekri explique avoir les moyens de salarier un imam étranger, mais ce n'est pas le cas pour tous.

"Ils ont un salaire au SMIC à 1.500 euros, qui vous revient à 3.000 euros par mois en comptant les charges. Il y a des mosquées qui ne peuvent pas se permettre de payer cette somme-là."

Une formation obligatoire

Concernant les imams qui souhaitent rester, Abdallah Zekri s'interroge sur les conditions dans lesquelles ils pourront le faire : "Est-ce qu'ils vont avoir des titres de séjour ? Est-ce qu'ils vont bénéficier du regroupement familial ? Tout ça, c'est en discussion."

Autre condition pour les imams détachés, suivre une formation en France. Son nom : "Laïcité, religion et citoyenneté". "Ils reçoivent sur une année complète un certain volume d'enseignements tant sur la question du droit associatif que sur l'histoire des rapports entre l'État et la religion en France. Mais aussi sur ce que c'est être musulman dans un contexte sécularisé et laïque", détaille Franck Fregosi, directeur de recherche au Groupe sociétés, religions, laïcités du CNRS.

Pour l'instant 31 formations de ce type existent en France. A priori insuffisant pour former tous les imams qui en ont besoin.

Lucas Lauber (avec T.R.C.)