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INFO RMC. Une avocate démissionne de la Ciivise et dénonce "l'inertie des atermoiements gouvernementaux"

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Un mois et demi après la démission de son nouveau président et de sa vice-présidente, mise en cause pour agression sexuelle le 7 février dernier, la commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) n'a toujours pas de gouvernance ni de feuille de route. Une situation "insupportable" pour l'avocate Marie Grimaud, qui a remis sa démission par courrier ce mardi 26 mars.

La Ciivise, dont les travaux sont suspendus depuis les démissions successives le 7 février dernier de son nouveau président Sébastien Boueilh et de sa vice-présidente Caroline Rey Salmon, visée par une plainte pour agression sexuelle, n'a toujours pas de gouvernance. La trentaine de professionnels qui la composent, magistrats, policiers, psychiatres, psychologues, sociologues et responsables associatifs, n'ont, à cette heure, pas de cadre de travail.

"Insupportable"

Une situation que dénonce une avocate spécialisée dans la protection de l'enfance qui a remis sa démission ce mardi 26 mars. Dans un courrier auquel RMC a eu accès, Me Marie Grimaud pointe du doigt "l'inertie des atermoiements gouvernementaux" et "l'atonie dans laquelle la Ciivise a sombré".

Elle explique que "l'attentisme" auquel sont contraints les membres de la Ciivise "pour des raisons purement politiques voir politiciennes" lui est devenu "insupportable".

Aucun des membres que nous avons sollicités n'a souhaité commenter cette démission. Cela fait plus d'un mois qu'ils ont adressé un courrier collectif aux ministres du Travail, de la Justice et de l'Enfance. 34 membres de la Ciivise demandaient ainsi la garantie de "travailler dans un cadre officiel garantissant leur indépendance".

Ils avaient ainsi proposé "la mise en place d'un comité directeur pour protéger la Ciivise et éviter l'écueil d'une gouvernance trop personnifiée", en référence directe à la présidence précédente du juge Edouard Durand.

"Quelle sera notre gouvernance ?"

Depuis que le magistrat n'a pas été reconduit à la tête de la commission, en décembre dernier, la Ciivise peine à retrouver sa légitimité et le gouvernement n'a apporté aucune garantie à ses membres à cette heure.

Le devenir de la plateforme d'écoute téléphonique créée et assurée par le Collectif Féministe contre le viol (CFCV) pour la Ciivise a été assuré financièrement pour l'année 2024. D'après le bilan de la Ciivise, présidée par Edouard Durand, 30.000 victimes avaient été entendues au cours des trois premières années.

"Quelle sera notre gouvernance ? Quelle est désormais notre feuille de route ? De quel budget disposerons-nous ? Comment sera garantie notre indépendance ? Quelles seront les articulations avec l'administration qui permettront de suivre la mise en œuvre des préconisations de la Ciivise 1”, s'interrogeait le psychiatre Thierry Baubet sur Linkedin, il y a trois semaines.

“Nous sommes actuellement dans une phase d'attente de ces décisions qui mobilisent des circuits administratifs complexes (...) en attendant, je travaille au quotidien sur ces sujets et je suis impatient".

La publication de ce professeur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent reflète aujourd'hui encore l'état d'esprit de nombreux experts de la Ciivise, avec lesquels RMC a pu échanger.

Marion Dubreuil avec CA