"La Ciivise a trahi les victimes": quatre associations interpellent Emmanuel Macron

Quel avenir pour la Ciivise, la commission de lutte contre l'inceste et les violences sexuelles sur mineur? Le président Sébastien Boueilh a annoncé sa démission le 8 février dernier, au lendemain de la mise en retrait de la vice-présidente Caroline Rey-Salmon, visée par une plainte pour agression sexuelle.
Dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, quatre présidents d'associations de victimes d'inceste estiment même que la nouvelle Ciivise, mise en place fin 2023, a "trahi les victimes", en pointant du doigt le soutien du président démissionnaire Sébastien Boueilh à sa vice-présidente le Dr Caroline Rey-Salmon, visée par une plainte pour agression sexuelle.
"Ce que la Ciivise avait bâti a été réduit à néant"
Parmi les signataires, Arnaud Gallais, cofondateur de Mouv'enfants et ancien membre de la Ciivise. "On trouve ca terrible, atroce et terrifiant, la manière dont les choses se passent", regrette-t-il au micro de RMC. "Il n'est jamais trop tard pour bien faire, reprenons les choses depuis le début et retrouvons-nous autour de la table et relevons les enjeux", ajoute-t-il.
"En un éclair, ce que la Ciivise avait bâti, permettant aux 30.000 survivants de se confier à nous, a été réduit à néant", indique cette lettre signée aussi par Angélique Mouly, présidente du dispositif d'accueil des victimes Docteurs Bru.
Les signataires de la lettre se "tiennent à la disposition" d'Emmanuel Macron "pour trouver une issue positive" à la crise. Et appellent le président à "être à la hauteur" de ce qu'il a "lui-même initié" en 2021, dans la foulée de la publication du livre de Camille Kouchner, "La Familia grande", qui dénonce l'inceste commis sur son frère par le politologue Olivier Duhamel.
La Ciivise 1, "un énorme espoir"
Dans une lettre à la nouvelle ministre chargée de l'Enfance Sarah El-Haïry, treize membres de la Ciivise 1, dont la féministe Ernestine Ronai et la psychiatre Muriel Salmona, souhaitent "participer à la mise en oeuvre" des 82 préconisations faites par la Ciivise, "de la formation et continuer l’écoute des témoignages des victimes".
"Qui mieux que l'équipe de la Ciivise 1, composée de victimes et de professionnels reconnus, peuvent poursuivre ce travail, qui ne doit pas rester lettre morte?", écrivent-ils, recommandant que le juge des enfants Edouard Durand en reste président.
Isabelle, victime de violences sexuelles entre ses 4 et 11 ans, a participé aux travaux de la Ciivise 1. "Cela été un énorme espoir, je me suis dit que maintenant, des gens pouvaient agir pour que cela s'arrête", témoigne-t-elle au micro de RMC.
Trois ans après la création de la Ciivise, la commission est actuellement en crise, certaines victimes se sentent démunies et pensent à retirer leur témoignage. "C'est une question qui me travaille", confie Isabelle. "Mais finalement, je ne pense pas que je vais le faire. Ce travail de trois ans ne peut pas être enterré".